Prenant l’apparence de sites de soutien militants démocrates, de nombreux « faux sites » gérés par des républicains visent à faire échouer les campagnes de leurs adversaires et à lever des fonds pour leur propre parti.
La photo n’a a priori rien d’anormal et s’inscrit dans les codes classiques d’une campagne américaine. Une candidate souriante et victorieuse regarde l’horizon avec au dessus de sa photo un intitulé en lettres de feu: « Nancy Pelosi, députée « . Pourtant, à bien y regarder, le reste du tract critique la candidate au lieu de louer son programme et appel à faire qu’elle ne siège « plus jamais au Congrès ». On trouve même en bas de page la case « faire un don » si l’internaute souhaite « empêcher son élection » .
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Cette page Web est en fait gérée par des républicains qui ont récemment lancé de « faux sites » qui prennent l’apparence de pages militantes démocrates, visant à faire échouer les campagnes de leurs adversaires et à lever des fonds pour leur propre parti. Les élections de mi-mandat au Congrès de 2014 encouragent ces opérations cyber politiques, prenants pour cible les différents concurrents.
Un des exemples le plus flagrant est sur la « fausse page » du John Tierney, candidat au Congrès du Massachussetts. Le site a tout du « tract militant » hormis que le texte critique ouvertement le député, le présentant comme « un des membres les plus extrêmes et partisan du Congrès » et faisant références à ses « opérations illicites à Antigua ». L’on découvre en quelques cliques que les fonds levés par la page reviennent au Comité national du Congrès républicain.
De la « propagande noire » ?
Don Herzog, professeur de droit à Michigan University et auteur d’un livre intitulé Cunning sur la fraude et la ruse politique, rattache ces pratiques à une vielle tradition de « propagande noire », visant à diffuser des infos militantes venant en faite de sources hostiles. Il s’étonne néanmoins que que le phénomène ait pris ainsi, puisque l’on compte aujourd’hui déjà 18 « faux sites » ciblant les candidats démocrates.
« C’est hallucinant car la loi fédérale américaine est très à cheval sur l’exactitude et la vérité des déclarations. Normalement, je ne suis pas sensé pouvoir vous dire n’importe quoi et mettre ensuite en avant le premier amendement de la Constitution si vous me poursuivez pour fraude. »
Hors, c’est bien tout l’enjeu: savoir si ce procédé relève de la liberté de parole où s’il flirte avec des pratiques non légales. Selon le Los Angeles Times, la Commission fédérale des élections ne permet pas à des « entités n’ayant pas reçues d’autorisation spéciales » d’utiliser le nom de candidat en tête de ses intitulés de campagne, à moins que « le titre ne mentionne de manière claire et univoque une opposition au candidat ».
Satire ou tromperie ?
Car le côté mi chèvre-mi chou de ces pages Web, à la fois critiques envers les démocrates, tout en prenant l’apparence de leurs prospectus de campagne, a déjà semé le trouble. D’après le Tampa Bay Times, un électeur de Alex Sink, la candidate démocrate en Floride, a par exemple versé par inadvertance une somme au comité républicain qui s’est par la suite engagé à rembourser les donateurs trompés.
Pour Kyrsten Sinema, un candidat démocrate visé par les « faux sites », les Républicains brouillent les lignes entre satire et tromperie:
« J’ai vu plein de campagnes parodiées, sur des sites, sur Twitter et je pense que ce sens de la satire fait partie de notre culture. Mais là je regrette, vouloir donner une fausse image de vous aux gens, c’est sournois. »
Les candidats démocrates feraient-ils la même chose ? C’est ce qu’affirment certains républicains dans un reportage réalisé par CNN qui marque par son accroche. La vidéo s’ouvre sur le témoignage d’un électeur qui a versé par mégarde la somme de 1000 dollars aux républicains, pensant soutenir le candidat démocrate de Georgie, John Barrow.
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