Après la mort du milliardaire américain, des personnalités de son entourage sont touchées, directement ou indirectement, par le scandale. Y compris en France.
L’affaire Epstein ne fait visiblement que commencer. Après la mort, en prison, le 10 août, du milliardaire américain – poursuivi pour exploitation sexuelle de mineures et association de malfaiteurs en vue d’exploiter sexuellement des mineures –, on commence à en savoir plus sur ses réseaux, ses amis et ses victimes. Désormais, ce sont ses « associés », amis et connaissances ayant alimenté son réseau criminel qui sont dans le viseur. Y compris en France.
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Jean-Luc Brunel
L’homme d’affaires possédait un immeuble dans le 16e arrondissement de Paris. Ce mardi 13 août, Mediapart révèle que l’agent de mannequins français Jean-Luc Brunel est accusé par des victimes d’avoir été un des « principaux pourvoyeurs » d’adolescentes pour Epstein. Le dirigeant de l’agence MC2 (anciennement Karins USA) est ainsi cité à de nombreuses reprises dans le dossier judiciaire de Jeffrey Epstein, notamment dans une plainte déposée en 2015 par Virginia Roberts Giuffre, sa principale accusatrice.
Selon son témoignage, Brunel « dirigeait une sorte d’agence de mannequins et semble avoir eu un arrangement avec les autorités américaines pour obtenir des passeports et d’autres documents de voyage pour de jeunes filles. Il amenait ensuite ces jeunes filles, âgées de douze à vingt-quatre ans, aux Etats-Unis à des fins sexuelles et les remettait à ses amis, Epstein compris ». Elle ajoute : « Le seul lien de leur amitié semblait être que Brunel pouvait obtenir des douzaines de filles mineures et nourrir le grand appétit d’Epstein et de Maxwell (Ghislaine Maxwell, ancienne maîtresse d’Epstein, qui jouait le rôle de rabateuse également, ndlr) pour les rapports sexuels avec des mineures. » L’enquête de Mediapart révèle le témoignage de Thysia Huisman, mannequin hollandaise, qui affirme que Brunel l’a « violée » dans les années 1990. « Un soir, il m’a droguée avec une boisson et m’a violée. »
Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les hommes et les femmes, et Adrien Taquet, secrétaire d’Etat chargé de la Protection de l’enfance, ont demandé lundi 12 août l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur d’éventuelles victimes d’Epstein en France. Virginia Roberts Giuffre a raconté, selon un document consulté par Mediapart, qu’un « ami » d’Epstein recrutait des jeunes filles pour lui en France : « C’était un cadeau surprise d’un de ses amis et elles venaient de France. Je les ai vues, je les ai rencontrées. Jeffrey (Epstein) s’est vanté après coup du fait qu’elles avaient douze ans et qu’elles venaient de France parce qu’elles étaient vraiment pauvres là-bas et que leurs parents avaient besoin d’argent. »
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Le prince Andrew
D’autres personnalités, outre-Altlantique, sont plus ou moins directement dans le colimateur de la justice, à la suite de l’affaire Epstein. Celle-ci éclabousse notamment le prince Andrew, fils de la reine d’Angleterre Elizabeth II. Virginia Roberts Giuffre affirme qu’Epstein l’aurait forcée à avoir un rapport sexuel avec le prince « au moins trois fois », y compris lors d’une orgie. Selon le Daily Beast, parmi les preuves dont dispose la justice, il y aurait une photographie du prince Andrew, le bras autour de la taille nue de Virginia Roberts Giuffre. Cette photo a été révélée par la suite :
Le Prince Andrew cité par les enquêteurs avec cette photo le.montrant avec une jeune fille que lui aurait présenté la bande Epstein. A droite G. Maxwell . pic.twitter.com/LWUTuDensm
— LAURENCE HAIM (@lauhaim) August 12, 2019
Le palais de Buckingham a démenti à plusieurs reprises tout comportement inapproprié.
Donald Trump
Le président américain se défend aujourd’hui d’être ami avec Jeffrey Epstein, mais Tim O’Brien, auteur de la biographie TrumpNation : L’art d’être le Donald (2005), a rappelé sur Twitter une citation du président datant de 2002 et publiée dans le New York Magazine : « Cela fait 15 ans que je connais Jeff (Epstein). Un gars génial. C’est vraiment marrant d’être avec lui. Il est dit qu’il aime les belles femmes autant que moi, et pas mal d’entre elles sont plutôt jeunes. » Une vidéo de 1992 (ci-dessous) les montre tous deux en train de faire la fête, entourés de jeunes femmes, dans la résidence de Donald Trump, à Mar-a-Lago, en Floride.
Le frère de Jeffrey Epstein, Mark, a confirmé au Washington Post que les deux hommes étaient « bons amis » par le passé. Le magazine GQ rapporte que l’un des témoignages de victimes présumées de Jeffrey Epstein évoque Donald Trump directement : « En 2016 ‘Jane Doe’ (nom donné aux victimes anonymes féminines aux Etats-Unis, ndlr) a porté plainte contre Trump pour une agression sexuelle avec violence qui aurait eu lieu en 1994, alors qu’elle avait 13 ans. Il l’aurait attachée à un lit dans la maison d’Epstein, violée puis frappée au visage. Ce témoignage a été confirmé par un témoin qui assure avoir vu cette enfant réaliser des actes sexuels avec Trump et Epstein. »
Bill Clinton
Le nom de Bill Clinton figure parmi les personnes qui ont pris à plusieurs reprises le jet privé d’Epstein, surnommé le « Lolita Express ». L’ancien président américain s’est rapidement défendu en admettant qu’il avait fait plusieurs voyages au bord de ce jet privé mais qu’il n’avait aucune idée des « crimes terribles » d’Epstein. En juillet, il a affirmé ne pas lui avoir parlé « depuis plus d’une décennie ».
Alan Dershowitz
Célèbre avocat américain, qui a notamment défendu O. J. Simpson, Alan Dershowitz est présenté comme « l’avocat, l’ami proche et le co-conspirateur d’Epstein dans le trafic sexuel » par Virginia Roberts Giuffre. C’est grâce à lui qu’Epstein a obtenu un accord très arrangeant lorsqu’il était poursuivi pour les mêmes faits en Floride, en 2008. Virginia Roberts Giuffre affirme avoir été envoyée comme produit sexuel à l’avocat d’Harvard, ce qu’il dément.
Ehud Barak
L’ancien premier ministre israélien Ehud Barak avait prévu de revenir sur le devant de la scène. Il va passer son tour. Des photos le montrent, le visage à moitié couvert, se rendant au domicile d’Epstein en 2016. Il dit n’avoir jamais « vu une seule fille » lors de ce rendez-vous et regrette d’avoir « été en contact » avec Epstein.
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