La fessée, le fisting, l’éjaculation féminine, le facesitting font partie des pratiques sexuelles désormais bannies des vidéos porno à la demande (VoD) britanniques. Une législation aux relents de sexisme.
A la suite d’un amendement au Communications Act de 2003, réclamé dans le Règlement de l’audiovisuel britannique 2014, les réalisateurs de porno distribué sous forme de vidéo à la demande (VoD) – disponibles en ligne mais payantes- ne pourront désormais plus représenter à l’écran les pratiques sexuelles suivantes:
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– La fessée
– Le coup de canne
– Le coup de fouet agressif
– La pénétration à l’aide de tout objet « associé à de la violence »
– Des abus physiques ou verbaux (peu importe s’ils sont consentis)
– L’Ondinisme (pratique qui consiste à uriner sur son/sa partenaire)
– L’éjaculation féminine
– L’étranglement
– Le facesitting (pratique qui consiste à s’asseoir nu sur le visage de son/sa partenaire)
– Le fist-fucking
L’objectif est d’harmoniser les règles régissant le porno en VoD avec celles encadrant les DVD vendus dans les sex-shop, encadrées par le British Board of Film Censors (BBFC), organisme chargé de définir la classification des films, des programmes télévisés et des jeux vidéo au Royaume-Uni.
En janvier dernier, David Cameron demandait aux fournisseurs d’accès Internet de bloquer automatiquement les sites porno, sous couvert de lutter pour la protection de l’enfance. Or, selon des représentants de l’industrie pornographique britannique, qui avaient, eux, mis en place une série de recommandations à destination des parents sur le site xxxaware. les filtres bloquaient aussi des sites aux contenus innocents, passant parfois à côté des sites porno.
Sexisme et conséquences
Comme le relève Vice, ce nouvel amendement pourrait impacter de plein fouet l’industrie du porno fétichiste. Ainsi, la dominatrice Urrutia, qui gère le site sado-masochiste The Urban Chick Supremacy Cell qualifie cette nouvelle législation d' »absurde« :
« Pourquoi interdire le facesitting? Qu’a-t-il de si dangereux? C’est une activité inoffensive que la plupart des performeuses dominatrices, comme moi, pratiquent tout habillées. Le pouvoir est symbolique: la femme est au-dessus, inatteignable. Alors que le porno mainstream sera distribué sans problème par les grands studios (…) les pratiques sexuelles moins de niche disparaîtront. »
Car la plupart des pratiques visées par l’amendement concernent en premier lieu les femmes. Pourquoi, par exemple, interdire l’éjaculation féminine et non masculine? Pourquoi, alors, ne pas interdire le bukkake, cette pratique désignant une éjaculation collective d’un groupe d’hommes sur une femme? Dans une tribune publiée sur le site de The Independent, la réalisatrice de films érotiques Erika Lust estime qu' »avec cette nouvelle législation, le Royaume-Uni va revenir à l »époque où le porno se résumait à un fantasme masculin ennuyant et irréaliste de bimbos satisfaisant avec plaisir des hommes, comme si c’était leur devoir, à un âge où les femmes étaient soumises. Les femmes de l’industrie auront maintenant peur de perdre leur gagne-pain mais aussi leur indépendance sexuelle« . Si pour elle le porno doit effectivement changer, il reste qu« interdire quelque chose le rend inaccessible et donc encore plus désirable ».
En 2013, le boss du studio BDSM kink.com écrivait une lettre ouverte à David Cameron, toujours pertinente. « J’ai eu mes premiers contacts avec la sexualité à l’âge de 18 ans en achetant des magazines et des vidéos de bondage dans des sex-shops miteux à Londres, raconte-t-il, c’est en acquérant cette matière que j’ai commencé à comprendre que le BDSM faisait partie de ma sexualité, que je n’étais pas seul. A partir de ce moment-là, je me suis identifié à des communautés de gens partagent les mêmes appétits sexuels. Pour moi, l’accès à la pornographie était positif« .
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