En réponse à la censure du livre “Bien trop petit” de Manu Causse le 17 juillet dernier, le lauréat du Goncourt 2018 Nicolas Mathieu avait lancé un appel aux témoignages sur Instagram. Il devrait aboutir à un recueil sur le désir adolescent.
“Ensevelir le ministre sous un déluge de nos histoires de cul”. Cette proposition de Nicolas Mathieu sur son compte Instagram risque bel et bien de prendre forme. Avec cette formule, l’écrivain réagit directement à la censure de Bien trop petit par Gérald Darmanin. Le 17 juillet, le ministre de l’Intérieur avait promulgué l’interdiction du roman de Manu Causse pour les mineur·es (alors que ce dernier était déjà interdit aux moins de 15 ans) en raison de scènes de sexe jugées trop explicites, ce qui avait causé son retrait de la vente.
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En réaction, Nicolas Mathieu a publié un message cinglant sur Instagram dénonçant “la nature liberticide d’un tel acte”. L’auteur y racontait également un souvenir érotique de ses 15 ans avec le hashtag #whenIwas15, et invitait les utilisateur·rices du réseau social à faire de même. Depuis l’auteur de Connemara relaye les témoignages. Mieux : il prépare un recueil de toutes ces histoires pour octobre avec la maison d’édition du livre censuré… Les éditions Thierry Magnier.
Les témoignages pleuvent
Auprès de Télérama, le 2 août, Nicolas Mathieu se défend : “Ce n’était pas un plan machiavélique. Mais c’est allé bien au-delà de ce que j’avais imaginé…” Il raconte recevoir “beaucoup de messages privés sur Instagram, certainement les plus graves, les plus troublants, les plus politiques”, avant d’expliciter sa démarche : “Je voulais montrer comment la littérature, à un âge donné, accompagne cette découverte-là [la découverte de sa sexualité].” Seul bémol, le manque flagrant de témoignage masculin, auquel l’écrivain de 45 ans prévoit de remédier en lançant un appel.
Concernant le livre prévu pour octobre, Nicolas Mathieu aimerait qu’il n’excède pas les 10 euros, et précise que tous les bénéfices seront reversés à des associations. “Il faut en faire un vrai livre ! Participer était un acte militant, l’éditer aussi, on ne fera pas de profit dessus”, précise-t-il.
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