James Watson, prix Nobel de médecine en 1962, a décidé de mettre sa médaille aux enchères. Depuis 2007 et des propos racistes, le scientifique est boycotté.
James Watson, celui qui, en 1953, a révélé la structure de « double hélice » de l’ADN, a décidé de se séparer de son prix Nobel, obtenu en 1962. Il sera mis aux enchères à New York. Le scientifique, aujourd’hui âgé de 86 ans, a confié au Financial Times qu’il se sentait considéré comme un « sous-homme », que « personne ne voulait vraiment admettre qu’il existait ».
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En effet, depuis quelques années, Watson n’est plus appelé pour donner des conférences publiques, ni pour conseiller certaines entreprises. En cause, des propos racistes tenus dans ce même magazine en 2007. Il avait alors déclaré que même si les gens croyaient que toutes les « races » étaient dotées d’une intelligence égale, ceux « qui avaient affaire à des employés noirs ne pensaient pas la même chose ». Des propos pour lesquels il s’était excusé, mais qui ne passent pas.
Un prix Nobel de médecine partagé, et usurpé ?
Quand James Watson reçoit son prix en 1962, il le partage avec son collègue Francis Crick, avec qui il a travaillé sur ce projet, et avec Maurice Wilkins. Ce physicien avait mis en place « un système de diffraction par rayons X qui a permis de visualiser la structure moléculaire de l’ADN », rappelait Sciences et Avenir à l’occasion des 60 ans de cette découverte fondamentale. Il travaillait alors avec Rosalind Franklin. Cette scientifique britannique a été l’une des première à réaliser des clichés de l’ADN, dont l’un a été utilisé à son insu par Watson et Crick, et qui a permis à leurs recherches d’aboutir.
Rosalind Franklin est décédée en 1958. On dit souvent qu’elle a été « oubliée », « dépossédée » de sa découverte, ou mise à l’écart par ses confrères. Adam Rutherford, généticien et auteur d’une tribune dans The Guardian, tempère ces propos, et assure que Franklin « n’a pas été oubliée dans cette récompense ». Un prix Nobel ne pouvant être décerné à titre posthume, elle n’a toutefois jamais reçu de récompense aussi prestigieuse que ses collègues pour son travail.
« Certains prix Nobel disent des choses stupides et ignorantes »
Adam Rutherford ne nie pas la grandeur de James Watson. Il ne nie pas le fait que cet homme a apporté énormément à la science en faisant une des découvertes les plus importantes du XXe siècle. Mais il ajoute :
« Certains prix Nobel disent des choses stupides et ignorantes.«
Eh oui. La capacité à faire de grandes découvertes, à réaliser un travail scientifique remarquable, na va parfois pas de pair avec l’intelligence, telle qu’on peut l’entendre. Pour Rutherford, les commentaires de Watson révèlent « un personnage pernicieux qui n’a aucun lien avec sa grandeur scientifique » :
« Là est notre défi : célébrer la science quand il se doit, et les scientifiques quand ils le méritent. Et quand ils s’avèrent être des personnes affreusement intolérants, soyons également honnêtes avec ça. »
Peut-on vraiment plaindre James Watson ? Quoi qu’il en soit, sa médaille sera mise en vente le 4 décembre par Christie’s à New York. Accompagnée des notes de Watson préparées pour son discours du 10 décembre 1962, elle pourrait s’adjuger entre 2,5 et 3,5 millions de dollars. Une partie devrait être reversée à des organisations pour la recherche scientifique et à des institutions académiques et caritatives. Le boycott de Watson pourrait finalement servir la science.
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