Dans son nouveau livre « Le Grand Virage – Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? », qui sort aujourd’hui en librairie, Cécile Duflot abandonne son costume d’opposante au gouvernement pour celui, plus consensuel et apaisé, de rassembleuse
Le nouveau livre de Cécile Duflot, « Le Grand Virage – Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? » qui sort aujourd’hui en librairie, pourrait bien servir de tremplin pour 2017.
Cécile Duflot a d’emblée prévenu dans une interview accordée à Libération : « Ce n’est pas encore un programme ». Pourtant, son dernier livre Le Grand Virage – Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?, y ressemble. Ou tout du moins à un manifeste pour les écologistes. Si la députée Europe-Ecologie Les Verts s’est faite assez discrète dans les médias ces derniers temps, ce nouvel ouvrage est la première pierre d’un retour en douceur sur le devant de la scène.
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Il y a un an, dans son précédent ouvrage, De l’intérieur : voyage au pays de la désillusion (Fayard, 2014), elle relatait de façon très critique son expérience au sein du gouvernement. Dans le Grand Virage, elle se prend au mot et stipule d’entrée :
« Mon propos n’est pas ici de critiquer la politique menée actuellement. »
Sur un peu plus de 160 pages, Cécile Duflot s’attelle à délivrer, à la première personne, ses préconisations, ses souhaits, et ses idées pour l’avenir. Jusqu’à faire des propositions parfois très concrètes.
L’écologie et la réappropriation du pouvoir
Deux grandes idées servent de fil conducteur à ce livre. Rien de révolutionnaire à l’horizon. Il s’agit avant tout d’écologie, son domaine de prédilection, qu’elle considère comme « l’enjeu de notre siècle ». Mais elle parle aussi de la « réappropriation » du pouvoir par les citoyens. Il ne s’agit pas ici de démocratie locale, mais plutôt d’actions, d’initiatives, que chacun peut prendre, et pas seulement dans les urnes :
« Le virage que je propose, nombre de personnes, d’associations ou d’entreprises l’ont déjà amorcé. […] Ils agissent dans le domaine de l’économie du partage, de l’agriculture biologique, des services à la personne, et dans mille autres secteurs. »
Une crise structurelle
Selon la députée écologiste, la crise que traverse notre société n’est pas conjoncturelle mais structurelle. Elle évoque notamment la crise écologique, conséquence de la course à la croissance – qui ne tient pas compte des effets parfois désastreux sur l’environnement – imposée par le capitalisme financier. Mais elle parle aussi de la crise identitaire, sur laquelle surfe le Front National, ce « dangereux attrape-tout ». Alors que la France a pour identité « le brassage », « le mélange », écrit Cécile Duflot, le Front National apporte comme réponse le « chacun pour soi » :
« La perte de repères collectifs entraîne le repli individuel. Le FN est moins un parti révolutionnaire porteur d’un projet politique de mise à bas de la République, qu’un parti opportuniste ».
Plutôt que de se laisser tenter par des solutions populistes, égoïstes voire xénophobes, Cécile Duflot préconise de réapprendre à vivre “ensemble”. Plutôt que la résignation, elle préfère garder « espoir ». Un espoir qu’elle voit, dit-elle, dans la jeunesse qui, malgré une forte abstention, se mobilise par d’autres actions.
L’Etat comme régulateur
Mais pour changer la société, la députée écologiste garde une place de choix à l’Etat. Si elle parle de réappropriation par les citoyens, elle insiste sur le rôle de l’Etat comme régulateur dans de nombreux domaines : pour inciter à la sortie du nucléaire (en poussant « les compagnies énergétiques dans lesquelles l’Etat est actionnaire vers le renouvelable »), pour mettre en place une « fiscalité écologique incitative », ou encore pour inscrire dans la Constitution « la lutte contre le dérèglement climatique ».
L’Etat doit également réduire la fracture numérique, ou instaurer une « politique de la consommation » : elle propose la tenue annuelle d’un « Grenelle de la consommation » pour éviter « les abus des pratiques des entreprises vis-à-vis de la consommation ». Un encadrement étatique qu’elle préconise également pour les loyers, les marges des compagnies de la grande distribution, ou celles des promoteurs immobiliers. Autant d’idées qui ressemblent à des propositions électorales.
Une nouvelle force politique
En prenant soin de concéder (quelques-unes de) ses erreurs, Cécile Duflot se présente comme quelqu’un qui a tiré les leçons du passé. Et elle n’oublie pas de rappeler régulièrement ses actions en tant que ministre du Logement. Toutes ses propositions convergent à la fin du livre vers un seul objectif : faire naître une « nouvelle force politique ». Cet ouvrage signe-t-il la fin d’Europe-Ecologie Les Verts tel qu’on le connaît ? Quelques jours après la démission de deux membres du parti, la place est peut-être en effet au renouvellement. Ou a-t-il un autre but, plus subtil, de servir de tremplin pour une candidature en 2017 ? Le suspense est insoutenable.
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