C’est la femme politique qui monte dans un parti en ébullition. Elle parle des nouvelles tensions autour de l’évolution d’Europe Ecologie, de DSK, de la marée noire et du film de Romain Goupil.
Vous travaillez en ce moment sur l’évolution de la forme d’Europe Ecologie. Fédération, parti, réseau, coopérative : vers quelle forme vous orientez-vous ?
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Premièrement, les Verts, le parti de l’écologie politique, doit évoluer. Deuxièmement, il ne faut pas perdre l’attractivité que nous avons sur les gens qui ne veulent pas être encartés. Nous devons maintenir la diversité, le renouvellement permanent qui sont l’essence d’EE. Un groupe de travail fera converger les différentes approches.
Jean-Vincent Placé, numéro 2 des Verts, a qualifié Eva Joly de “vieille éthique”, en retour Cohn-Bendit l’a traité de “crétin politique”… Ça vous agace, alors qu’EE ambitionne de faire de la politique autrement ?
Ça m’agace beaucoup. Personnellement, je fais attention à ne pas entrer dans ces polémiques. On ne peut pas travailler à une autre façon de vivre la société, plus douce et plus respectueuse, et se laisser aller aux petites phrases et aux attaques personnelles. Mais il faut faire avec les gens tels qu’ils sont. En étant trash, je dirais que je n’ai pas de pénis, donc c’est plus facile pour moi (rires).
Ces bisbilles ne sont-elles pas l’incarnation de divergences de fond bien réelles entre l’aile gauche que vous représentez et l’aile centriste de Cohn-Bendit ?
Il faut mener le travail sur le fond avec de réelles propositions, ne pas en rester à l’écume. Quand on approfondit le débat avec Daniel Cohn-Bendit, je n’ai pas du tout l’impression que nous ayons tant de divergences. Après, on n’est pas d’accord sur tout, on n’est pas à l’armée.
Sur les retraites, quels sont vos points de convergences ?
Penser la retraite comme un temps de la vie et pas seulement comme une question de dépense et de coût pour la société. Penser les sources de financement de manière très ouverte. Changer l’âge du départ à la retraite contribue à accentuer les inégalités vécues pendant la période de travail, notamment pour les femmes et les chômeurs. Reculer l’âge légal ne répond pas à la question du chômage des plus de 50 ans.
Vous critiquez la politique libérale et la rigueur prônée par DSK. Sa candidature en 2012 remettrait-elle en cause votre stratégie d’alliance avec le PS ?
Non. Je critique ses fonctions au FMI, c’est mon point de vue personnel en juin 2010. Ce n’est pas une prise de position politique qui impliquerait qu’un accord est impossible. Son action au FMI n’a rien à voir avec le projet qu’est en train de mener le PS, sur lequel portera l’opportunité d’un accord pour la prochaine mandature.
La gestion de la marée noire du président américain est critiquée. Est-ce le Katrina d’Obama ?
C’est surtout la gestion et la communication de BP qui sont en cause. La responsabilité initiale du groupe est très grande. BP a refusé de payer la valve de 500000 dollars qui aurait pu éviter la catastrophe. Les politiques auraient certes dû être plus fermes et imposer ce type d’installation. Mais le poids des compagnies pétrolières est tellement fort ! Les marées noires sont liées à la dépendance au pétrole, qui va nous mettre dans une situation difficile avec sa raréfaction. Pour tout cela, il faut développer les énergies renouvelables.
Qu’avez-vous aimé récemment ?
Le film de Romain Goupil Les Mains en l’air, à la fois sensible et politique. J’étais avec les sans papiers sur le parvis de l’Opéra-Bastille jeudi 3 juin lors de leur expulsion par les forces de l’ordre. Ils portent un combat légitime, ils sont notre face cachée à tous et font vivre notre société. Le scandale n’en est que plus insupportable.
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