Cécile Duflot évoque la sortie du nucléaire, son arbitrage du duel Hulot-Joly et sa volonté d’incarner une politique fondée sur l’espoir en réponse à la percée du FN.
Vous souteniez Eva Joly, que change l’entrée en lice de Nicolas Hulot ?
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En tant que secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, je ne soutiens aucun candidat. Mon rôle est d’être la garante de la bonne organisation de la primaire, de son climat et des discussions avec tous les candidats.
Hulot reste flou sur sa participation à la primaire de juin. Il la souhaite la plus ouverte possible. Fait-il du chantage ?
Je ne doute pas de l’inscription de Nicolas Hulot, comme d’Eva Joly, dans une démarche collective. Je ne suis la supportrice d’aucun individu mais de la démarche collective qui fait la force d’EELV.
Hulot aurait préféré septembre…
Les militants du conseil fédéral ont choisi juin. Les arguments étaient d’en finir avec une longue séquence interne puisque Eva Joly s’est déclarée l’été dernier, de commencer la campagne et de ne pas être en période de désignation en même temps que le PS.
Daniel Cohn-Bendit veut déposer une motion pour défendre l’idée de ne pas présenter de candidat écolo à la présidentielle en échange de cinquante circonscriptions. Pourquoi défendez-vous le fait de présenter un candidat ?
La motion que je porte avec Philippe Meirieu et Pascal Durand, entre autres, estime que 2012 doit être une nouvelle étape pour le rassemblement, l’ouverture, l’enracinement du projet écologique derrière un candidat. La motion pose la possibilité d’un accord avec nos partenaires, en particulier le PS, mais un accord exigeant en terme électoral et sur le plan programmatique.
Historiquement, la présidentielle ne réussit pas aux écolos. Vous n’avez pas peur de prendre une raclée ?
Si on voulait faire de la politique avec une assurance tous risques, on ne serait pas écologiste. On fait de la politique par conviction, ça nécessite de défendre le projet écolo même avec un mode de scrutin défavorable. La présidentielle est la seule élection en France, et je le regrette, où l’on peut parler d’un projet global.
Vous n’avez pas peur d’un nouveau 21 Avril avec la multiplication des candidatures à gauche ?
Je crois qu’on ne répond pas à des problèmes politiques par de l’arithmétique. Ce n’est pas parce qu’il y a ou pas un candidat écolo que le candidat socialiste a tel ou tel score. Le candidat écologiste doit incarner une forme d’alternative, incarnée de manière noire par Marine Le Pen et le FN. La nôtre doit être porteuse d’espoir.
Cohn-Bendit a des mots très durs envers la direction d’EEVL : outre son » conservatisme gauchiste, dirigiste et technocratique », il lui reproche de bloquer son ouverture…
Je pense que les faits lui donnent tort : la capacité d’ouverture des régionales est maintenue, il y a une augmentation constante du nombre d’adhérents, je suis allée dans cinquante départements. L’écologie politique est extrêmement vivante et vivace.
Nicolas Hulot a décrit un périmètre d’alliance possible qui s’arrête au centre, à peu près celle de Cohn-Bendit. Votre position va-t-elle évoluer ?
EELV a adopté une position à 96 % des voix, lors de son assemblée générale fondatrice le 13 novembre dernier. Celle-ci dit que l’alliance n’est pas possible avec la majorité actuelle, possible mais pas automatique avec la gauche. La question du centre se résout par le choix de ses alliances, traditionnellement nouées sur sa droite.
Vous faites de la sortie du nucléaire un préalable à toute alliance. Martine Aubry a infléchi la position pronucléaire du PS. C’est votre influence ?
Fukushima a fait bouger les lignes et j’ai noté avec beaucoup de satisfaction la réaction de Martine Aubry ou d’Harlem Désir. La sortie du nucléaire est un horizon politique, le lieu où il va y avoir un creuset d’imagination, de travail, d’inventivité et d’emplois sur les économies d’énergie et sur les énergies renouvelables.
Il y a un effet Fukushima chez Nicolas Hulot ?
Il réfléchissait à la question depuis longtemps. Oui, bien sûr, cela a un effet indéniable, y compris pour ceux qui sont pronucléaires par conformisme.
La popularité de Nicolas Hulot dans les médias peut-elle avoir un impact chez les classes populaires ?
C’est une question qui mérite d’être posée. Elle vaut pour Eva Joly. Comment redonner à ceux qui sont tentés par une solution politique fondée sur le repli et la haine, l’envie d’une solution politique fondée sur l’espoir ? Comment incarne-ton cette réponse ? Hulot et Joly peuvent l’être tous les deux. Les solutions socialesdémocrates et libérales sont périmées, les appareils traditionnels sont pour certains discrédités ou suscitent du désintérêt. Les écolos ont une responsabilité sur ce terrain-là.
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