Alors que s’ouvrent les Universités d’été des Verts à Nîmes (jusqu’au 22 août), Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts, évoque le « buzz » écolo, les régionales et les alliances possibles autour d’Europe Ecologie.
C’est un peu la fête pour les Verts. L’édition de cette année est nettement plus médiatisée que celle de l’année dernière. Après le bon score d’Europe Ecologie aux dernières européennes, vous avez le « buzz » comme on dit ? Ça a déjà été plus dur pour les Verts…
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Oui, là ça se passe bien. L’ambiance est excellente, il n’y a jamais eu autant de monde, je pense que l’on va atteindre les 2000 personnes, du jamais vu pour les Verts. C’est une ambiance à la fois très festive et très studieuse…
Vous êtes déjà sur les régionales de 2010 ? On se souvient que l’an passé, vous aviez déjà évoqué en profondeur la stratégie pour les européennes, ce qui vous a réussi…
C’est avant tout un travail de fond sur l’écologie politique que nous menons, tout en nous interrogeant sur les réponses à donner à la crise actuelle. Ce sont ces deux axes principaux qui vont être évoqués en priorité. Mais cela ne nous empêche pas d’envisager aussi la suite des événements, et notamment la poursuite du rassemblement.
A quoi est dû votre succès, au-delà du bon score des européennes ?
Avec l’aggravation de la crise, autant économique qu’écologique, on s’est rendu compte que les Verts avaient des choses à dire, qu’ils s’intéressaient aux bonnes questions depuis quelques années.
Quand vous dites « poursuite du rassemblement », c’est déjà une évocation des alliances futures. A Marseille demain, Vincent Peillon et François Rebsamen du courant « Espoir à gauche » (proche de Ségolène Royal) reçoivent Daniel Cohn-Bendit, mais aussi Marielle de Sarnez du Modem, Robert Hue du PCF et la député radicale de gauche Christiane Taubira. Et chez les Verts, jusqu’ou êtes-vous prêts à aller dans les alliances ?
On est en dialogue avec des gens qui ont été intrigués, intéressés ou bouleversés par ce qui s’est passé lors des européennes. Pas forcément par le résultat, mais plus par la logique de rassemblement. Ce sont des gens qui n’étaient pas forcément là l’année dernière.
Concrètement, est-ce que vous avez déjà parlé de ça. Avec le Parti Socialiste notamment ?
L’une des choses qui a été très importante dans le succès d’Europe Ecologie, c’est la capacité à répondre à la question posée. Lors des élections européennes, nous avons parlé d’un projet écologique pour l’Europe. Pour les régionales, nous allons voir comment adopter notre projet de société écologique pour le 21 ème siècle à cet enjeu local. C’est donc là-dessus que nous allons travailler d’abord, et non songer à des alliances à la petite semaine, même si l’échéance des régionales est importante à nos yeux. Le plus important, c’est de réfléchir au fond d’abord.
Jusqu’où êtes vous prêts à bouger le curseur ?
On peut bouger le curseur très loin, à conditions que nos valeurs soient fortes et fermes, et qu’on ne soit pas baladé au gré des courants. Si nos valeurs sont fortes, et si nous avons le sentiment que les gens qui veulent travailler avec nous possèdent ces valeurs, pourquoi pas ? Tout ça ne veut pas dire que nous ne sommes prêts à parler qu’avec des gens qui sont écologistes depuis dix générations, nous sommes prêts à accueillir des gens dont la réflexion évolue, qui se sensibilisent au fur et à mesure à la question écologique.
Par exemple, Marielle de Sarnez du Modem, qui est vendredi aux côtés de Cohn-Bendit ?
Euh non, je ne crois pas que ce soit encore possible. Je ne pense pas forcément à elle en premier lieu. Et puis nous ne cherchons pas forcément à agglomérer des noms.
Est-ce que votre travail, ce n’est pas aussi de réussir à transformer votre « buzz » européen à un niveau national. Cela a toujours été compliqué pour les Verts de se faire entendre en France on dirait ?
Oui c’est vrai. Mais les choses se passent bien en ce moment, à nous d’en profiter, à nous de savoir rebondir sur cette dynamique de rassemblement. Il faut continuer dans cette voie là, avec cette prise de risque enthousiaste.
Au niveau national, c’est aussi Cohn-Bendit qui vous a souvent fait défaut, alors qu’il est très présent aux européennes. Il a d’ailleurs joué un rôle déterminant dans le très bon score qu’ont obtenu les Verts. Quel va être son rôle ? On imagine qu’il va peser sur cet université d’été à Nîmes.
Tout se passe bien, chacun a sa place, son espace, sa capacité à apporter sa spécificité au rassemblement. Dany joue un rôle de parrain, il apporte sa vision européenne, son souffle, sa franchise, sa capacité à mettre les pieds dans le plat. Au même titre que José Bové ou Eva Joly, ils amènent chacun quelque chose.
Est-ce que le bon score d’Europe Ecologie aux européennes, ce n’est pas un peu un « coup de bol » dû à l’absence du PS dans le débat ?
Non, je ne crois pas. Je crois que le projet des Verts est assez adapté à une société qui est en train d’épuiser ses ressources naturelles, qui aggrave les inégalités. On essaie d’amener des réponses à ça, donc c’est pour cela que je crois que notre réussite n’est pas uniquement conjoncturelle. Peut-être qu’on a eu de la chance effectivement, mais je crois que nous avons un vrai projet politique, avec une forme original, des personnalités qui se fédèrent.
Est-ce qu’après le bon score d’Europe Ecologie, les Verts entendent se faire entendre dans l’opposition à l’UMP et Sarkozy ? Au-delà des européennes, on ne vous a pas toujours beaucoup entendus…
Je crois que ne nous ne voulons pas forcément être dans l’opposition à Sarkozy et à l’UMP. L’idée, c’est de proposer des choses qui font avancer la société, la planète… On n’est pas pour Sarkozy ou contre Sarkozy, on essaie juste de montrer pourquoi des politiques publiques ne sont pas cohérentes, et que l’on va parfois très gravement dans le mur. Nous voulons expliquer cela, pas simplement jouer un rôle d’opposition.
Le PS doit-il apprendre des Verts et d’Europe Ecologie s’il veut avancer ?
Moi, mon problème, c’est que l’écologie européenne progresse. Je n’ai de leçon à donner à personne. Ce qu’on a fait avec Europe Ecologie, ça vient de loin. On a pris le temps de construire sur des bases solides. On travaillait déjà à cela il y a deux ou trois ans, et ça s’est concrétisé.
A vos universités d’été, vous avez invité aussi beaucoup de représentants de jeunes associations issues de la société civile, telles que Jeudi Noir ou Collectif Stagiaires ? Vous ciblez les jeunes ?
Non non, on ne fait pas dans le jeunisme, on veut juste fédérer des écologistes. Mais on est prêts à entrer en dialogue avec ces jeunes qui sont prêts à faire de la politique autrement. Notre secret, qui n’est pas vraiment un secret, je vais vous le dire, c’est le dialogue. On s’est simplement rendus compte qu’on est plus intelligents à plusieurs que tout seul, voilà.
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