A travers une exposition et une collection, l’artiste Bjarne Melgaard s’intéresse aux aspects autodestructeurs et obsessionnels de la mode. Les plus grands musées lui ont ouvert leurs portes. A 47 ans, Bjarne Melgaard s’est imposé comme l’un des artistes les plus en vue de Norvège. Pour sa première exposition à New York en 2000, il […]
A travers une exposition et une collection, l’artiste Bjarne Melgaard s’intéresse aux aspects autodestructeurs et obsessionnels de la mode.
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Les plus grands musées lui ont ouvert leurs portes. A 47 ans, Bjarne Melgaard s’est imposé comme l’un des artistes les plus en vue de Norvège. Pour sa première exposition à New York en 2000, il avait sculpté des singes en plein acte sexuel. Depuis, ce sont les contre-cultures, celles qui fleurissent derrière les portes closes, du black metal aux clubs SM, qu’il explore sans relâche. Pour Roberta Smith, critique d’art du New York Times, “il n’a jamais abordé un tabou qu’il ne désirait briser”. Habitué des collaborations, il déclarait récemment vouloir lancer sa première collection de mode.
C’est chose faite et ce fut précédé d’un coup d’éclat à faire pâlir n’importe quel jeune designer : début janvier, Rihanna est photographiée à la sortie de la très branchée boutique VFiles de SoHo à New York, vêtue d’un manteau créé par Melgaard. Quelques heures plus tard, elle poste une photo sur son compte Instagram, 13 millions de followers à la clé. Le manteau hybride un blouson teddy et une cape imprimée d’une photo pixélisée de l’artiste et sa mère, Gro Melgaard, 84 ans.
The Casual Pleasure of Disappointment – le nom de sa collection – a été conçue avec Babak Radboy, directeur artistique du collectif fictif Shanzhai Biennial, passé maître dans l’art de brouiller les frontières entre art et mode à grand renfort de détournements de logos et d’opérations marketing redoutables. Se couler dans le moule de ce qu’il entend dénoncer : voilà aussi le mode opératoire adopté par Melgaard. Son incursion dans la mode entendelle dénoncer les aspects obsessionnels et autodestructeurs inhérents à la notion de beauté. En guise de mood board, le film Abus de faiblesse (2013) de Catherine Breillat, dont il reprend les thèmes de maltraitance et de dépendance.
En parallèle, il expose des sculptures et des tableaux conçus autour de sa collection (jusqu’au 14 mars à la galerie parisienne Thaddaeus Ropac). “J’ai demandé à des stylistes, des coiffeurs et des maquilleurs d’interpréter mes dessins, pas de les rendre beaux. Pourtant, ils se sont exprimés avec des accessoires censés révéler la beauté : des faux cils, des cheveux, du maquillage. Ces ornements, combinés à la peinture, me permettent de faire transparaître la vulnérabilité, le désir, la tromperie.” Pour cela, Bjarne Melgaard s’entoure des meilleurs : Andre Walker, passé par Marc Jacobs et Vuitton, et Bob Recine, à l’origine des perruques déjantées de Lady Gaga.
Au vernissage de l’exposition le 5 février, la foule tentait de se frayer un chemin entre les oeuvres où s’entremêlent cheveux, maquillage, habits et têtes de poupées. L’ensemble est vibrant, borderline, vulgaire, et l’espace propret de la galerie, méconnaissable. Melgaard, carrure imposante sous costume noir impeccable, pose patiemment alors que les photographes se pressent autour de lui. Le fameux manteau de Rihanna est là, suspendu à une toile. On croise la rédaction de Vogue au grand complet. Peut-être fallait-il la réputation sulfureuse de Bjarne Melgaard pour réchauffer un flirt entre art et mode souvent bien tiède.
exposition The Casual Pleasure of Disappointment jusqu’au 14 mars, galerie Thaddaeus Ropac, Paris IIIe, ropac.net
par Ingrid Luquet-Gad
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