La série Sons of Anarchy déboule sur M6 : l’histoire brutale mais subtile des membres d’un gang de motards mafieux.
C’est le genre de série où un mec en blouson noir gratouille sa guitare à faire pleurer Nick Cave et répond “mes couilles” quand on lui pose une question. Le genre de série ou des putes mexicaines finissent cramées dans l’incendie d’une cache d’armes, sans personne pour pleurer sur leur sort. Le genre de série brutale qu’on aurait eu du mal ne serait-ce qu’à imaginer il y a dix ans. Sauf que depuis, tout a changé. Et Sons of Anarchy a désormais le droit d’exister et de venir nous faire coucou le soir tard sur une grande chaîne nationale.
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De quoi s’agit-il exactement ? Dans une petite ville de Californie du Nord, ironiquement nommée Charming, un gang de bikers fait la loi, sa loi, perché sur des Harley customisées : trafics, bastons, intimidations, meurtres, etc. La particularité de ces effrayants fils de l’anarchie ? Ils forment avant tout une famille, un peu comme une organisation mafieuse où le crime se transmet de père en fils, de cousin en cousin. On y trouve même une matriarche parfaitement odieuse et séduisante.
L’irruption du quotidien se fait de manière systématique dans la vie des personnages, et notamment dans celle du héros, le craquant Jax Teller (interprété par l’acteur anglais Charlie Hunnam). Bien sûr, on a déjà vu ça quelque part. Dans Les Soprano, pour être précis, que Sons of Anarchy a digéré jusqu’à reprendre la manie de faire des réunions où se balancent les vannes et se prennent les décisions dans le gang, des moments à la fois parodiques et profonds.
L’autre source d’inspiration est plus évidente encore. Kurt Sutter, créateur de SOA, fut l’un des piliers de The Shield entre 2002 et 2008. Il a participé à 78 des 89 épisodes de la série policière violente de Shawn Ryan et y a évidemment appris beaucoup. Sans en reprendre le style visuel saccadé (bonne idée, tant il paraît aujourd’hui daté), Sons of Anarchy repose sur l’étrange mélange d’horreur et d’humanité qui faisait le sel des aventures de Vic Mackey. Ici, la maison du gang a simplement remplacé le commissariat corrompu. On pense aussi, par moments, à Deadwood, la série western furieuse de David Milch. Jolis parents…
De là à dire que Sons of Anarchy se contente de reprendre les motifs des Soprano, et des autres, il y a un pas que l’on ne franchira pas. Kurt Sutter fait preuve d’un talent évident en dépassant très vite le folklore propre aux Hell’s Angels (le modèle, même s’il n’est pas cité ouvertement), pour installer une galerie de personnages compliqués, imprévisibles, parfois stupéfiants. Très structurée dès le début, Sons of Anarchy déploie une toile romanesque toujours en mouvement, entre petits enjeux immédiats (qui a bousillé ma moto ? ! ?) et traumas à décoction lente (la recherche du père). FX, la chaîne qui diffuse cette drôle de chose graisseuse et délicate à la fois, se frotte les mains. En un peu plus d’une saison (la deuxième est diffusée aux Etats-Unis), SOA est devenu un tube. Et c’est mérité.
Sons of Anarchy Vendredi 9 > 23 h 10 > M6
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