C’est une des mannequins à suivre en 2018. Née au Soudan, élevée en Australie et maintenant résidente de New York, Ajak Deng a eu plusieurs vies. Retour sur son parcours des camps de réfugiés de guerre aux podiums, où elle milite désormais pour la diversité dans le mannequinat.
En 2017, Ajak Deng a été le visage de la Fashion Week de Melbourne. Comptée parmi les 10 mannequins noires les plus influentes par le Vogue Italia, la jeune femme a eu plusieurs vies avant de devenir le top engagé que l’on connaît. Découverte au lycée à Melbourne, elle fait sa première couverture pour le magazine i-D en 2011. Depuis, elle partage son expérience de la guerre du Soudan dans les interviews qu’elle accorde, autant qu’elle fait parler la militante en elle pour défendre la diversité dans les magazines et sur les podiums. Récit d’un destin pas vraiment classique dans les backstages de fashion week.
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Réfugiée de guerre et volontaire pour l’armée
La seconde guerre civile au Soudan contraint la famille d’Ajak Deng, née en 1989, à quitter le pays. Ils partent pour le Kenya, où ils restent trois ans dans un camp de réfugiés de guerre. Ils vivent alors dans une maison que la famille Deng a construite de ses mains. Après cette période, la mère d’Ajak tombe malade puis succombe au paludisme. Après son décès, le gouvernement australien réussit à aider la famille et ils s’exilent à Melbourne, où le père et ses huit enfants se reconstruisent. A leur arrivée en Australie, Ajak Deng a 11 ans, et déjà un métier en tête.
Elle le dévoilera à sa conseillère d’orientation au lycée : elle veut s’engager dans l’armée. Ajak raconte l’entretien au magazine i-D en riant : “Ça l’a terrifiée ! Donc elle m’a conseillé le mannequinat.” Une voie qui lui sourit, et qu’elle ne regrette pas d’avoir empruntée : “Je n’ai jamais voulu faire chemin arrière”, partage-t-elle dans le Sydney Morning Herald. Découverte en 2008, elle signe avec une agence de mannequins australienne.
Podiums, désillusions et militantisme
Dès 15 ans, elle commence dans le métier et décolle très vite : après sa première couverture d’i-D en 2011, elle enchaîne les contrats (Clinique, M.A.C Cosmetics…), les podiums (Louis Vuitton, Jean-Paul Gaultier…) et de nombreuses autres couvertures, notamment Vogue Italie, Harper’s Bazaar Arabia ou V Magazine.
Toutefois, en février 2016, Ajak Deng décide de quitter le mannequinat. En cause, un monde de la mode encore trop stéréotypé, qui ne laisse pas assez leur chance aux modèles à la peau noire. Ajak explique à i-D : “Je n’en pouvais plus. C’était arrivé au point où je me faisais accuser de choses que je n’avais pas faites parce que la fille en question me ressemblait vaguement.” Elle annonce alors son choix de partir de New York pour retourner vivre en Australie sur son compte Instagram. Mais face aux messages des jeunes filles qui avaient pris Ajak pour modèle – certaines lui exprimant en pleurant comme elle les avait aidé à s’assumer en tant que femmes noires – elle renonce à sa démission. Elle imposera tout de même un nouveau style à son travail : elle sera un mannequin militant.
Depuis 2016, Ajak Deng a défendu différentes causes dans son corps de métier : le manque de diversité criant – un problème qu’elle estime aller en s’améliorant mais qui n’est clairement pas encore résolu – aussi bien dans la représentation des corps que des couleurs de peau. Elle a d’ailleurs critiqué amèrement le dernier défilé Victoria’s Secret sur ces deux points. Dans une toute autre optique, Ajak a également prêté son visage pour lever des fonds afin d’aider les enfants réfugiés de guerre en Syrie : avec la campagne Body Shop pour la paix, ce sont 440 000 dollars qui ont été récoltés. Elle explique sa joie d’avoir participer à cette œuvre dans les pages du Herald Sydney Tribune : “Le gouvernement australien a eu pitié de mon père, dont la femme venait de mourir, et de ses six enfants et nous a pris sous son aile. C’est à mon tour de venir en aide à ceux qui ne peuvent plus s’aider eux-même.” Alors que les défilés prêt-à-porter hiver 2018 viennent de commencer à New York, on parie qu’Ajak Deng sera un des noms à suivre en 2018.
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