L’ancien collaborateur de l’Elysée, Alexandre Benalla, a été auditionné pour la première fois au Sénat, face à une commission d’enquête parlementaire. Retour sur ses déclarations les plus surprenantes.
“Je ne suis pas un voyou. Je ne sais pas comment on a pu me qualifier encore… de ‘petite frappe’. Non, c’est pas tout à fait le cas”. Ce mercredi 19 septembre, l’ancien collaborateur de l’Elysée, Alexandre Benalla, surpris sur plusieurs vidéos en train de frapper des manifestants ou des personnes qui se trouvaient près d’un rassemblement place de la Contrescarpe le 1er mai, répondait pour la première fois aux questions des sénateurs, dans le cadre d’une enquête parlementaire sur ses exactions. L’audition a duré en tout 147 minutes, pour une cinquante de questions.
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Sur son insulte envers le président du Sénat
Le 11 septembre, Alexandre Benalla avait tenu des propos insultants envers la commission d’enquête et son président, le sénateur Philippe Bas, sur France Inter. “Monsieur Philippe Bas, je mesure très bien mes propos, ce petit marquis m’impose aujourd’hui de venir devant lui”, a-t-il déclaré. Ajoutant : “Ce sont des petites gens […. Je n’ai aucun respect pour eux”. Ce 19 septembre, il a mis de l’eau dans son vin, disant regretter ses propos : “J’ai été bien élevé, et j’ai un profond regret pour le propos que j’ai pu avoir en votre encontre. Quelles que soient les circonstances, quelle que soit la pression, on ne s’en prend pas aux hommes. Pour le reste je voulais vous assurer de mon respect total.” Il s’est justifié en affirmant avoir ressenti un “acharnement médiatique, politique”.
A propos de son rôle à l’Elysée : “Je n’ai jamais été le garde du corps du président”
C’est un serpent de mer de cette enquête : quel était le rôle exact d’Alexandre Benalla auprès d’Emmanuel Macron ? Quelles étaient ses attributions, les limites de ses missions ? Il a souvent été présenté comme un garde du corps, mais il réfute, en dépit des images qui le montrent à proximité du président pendant la campagne, et ensuite pendant des déplacements : “Je suis au regret de vous dire que je n’étais pas le garde du corps d’Emmanuel Macron.” Il préfère le terme d' »interface entre le candidat et des personnes », ou de « facilitateur« , ce qui nécessite une « proximité physique« . *
Sur le port d’arme : c’était pour sa « sécurité personnelle »
Entre 2013 et 2017, Alexandre Benalla a essuyé trois refus de port d’arme du ministère de l’Intérieur, qui estimait qu’il n’en avait pas besoin dans l’exercice de ses fonctions. Mais en octobre 2017, la préfecture de police de Paris lui a donné l’autorisation. Selon M. Benalla : “Le port d’arme n’était pas lié à la sécurité du président de la République, mais à ma sécurité personnelle.” Pour rappel, l’intéressé est un fan d’armes à feu. Selon L’Obs et le Canard enchaîné, il avait demandé à un “ami” de déplacer les armes qu’il avait à son domicile (trois pistolets, dont un Glock 43, et un fusil à pompe), à Issy-les-Moulineaux, avant la perquisition qui y a eu lieu le 20 juillet.
Sa sécurité personnelle était-elle en danger ? “Quand vous êtes dans des fonctions à la présidence de la République, ou pendant la campagne présidentielle, on est exposé, on passe dans les médias, vous êtes identifié quand vous habitez dans le même endroit depuis huit ans, il peut vous arriver quelque chose”, a-t-il expliqué. Sa justification est cependant bancale: l’autorisation qui lui avait été délivrée concernait un cadre strictement professionnel, rappelle Le Monde. Interrogé sur cette contradiction, il déclare qu’il avait pu « se trouver avec l’arme sur [lui] lors de déplacements officiels » de M. Macron.
Sur ses privilèges
Les avantages dont bénéficiait Alexandre Benalla à l’Elysée ont suscité beaucoup de curiosité. Par exemple, il avait un badge « H », soit le plus haut niveau, qui lui permettait l’accès à l’hémicycle. Il dit à ce sujet : “ Je reconnais que c’est un caprice personnel pour avoir accès à la bibliothèque et à la salle de sport”. Sur les passeports diplomatiques, il dit que leur délivrance est « automatique » : “la délivrance de passeports diplomatiques pour l’ensemble des personnels qui se déplacent avec le président de la République est automatique”. Il explique aussi avoir demandé un logement de fonction quai de l’Alma pour des raisons pratiques : “Je commençais à 6h30 pour finir à 23 heures, minuit, 1 heure… Je ne voyais plus ma femme, ni mon fils”.
La liste des privilèges accordés à Alexandre Benalla pic.twitter.com/UmIfq3xJ2o
— BFMTV (@BFMTV) July 20, 2018
Enfin, concernant sa voiture de fonction, équipée d’un gyrophare de police, il estime que “la voiture de police n’est pas une voiture de police. Les véhicules de service de l’Elysée sont équipés d’avertisseurs spéciaux”.
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