Jamais réellement mis en danger, Emmanuel Macron a tenu à se démarquer de François Hollande au cours de son « Emission politique » du 6 avril. Voici ce qu’il fallait retenir.
Emmanuel Macron était attendu lors de son passage dans L’Emission politique de France 2, jeudi soir. Le favori des sondages pour le premier tour de la présidentielle n’a finalement jamais réellement été mis en danger au cours des deux heures de l’émission, si ce n’est face à un syndicaliste du service de VTC Uber, Sayah Baaroun – qui s’est déjà exprimé sur la chaîne YouTube de Jean-Luc Mélenchon – en milieu d’émission.
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https://www.youtube.com/watch?v=E-o9nQ7NJ3E&sns=tw
.@SayahBaaroun (syndicaliste VTC) dénonce les plateformes qui exploitent les chauffeurs. #Uberisation pic.twitter.com/G7nOeoihY0
— La France insoumise (@FranceInsoumise) April 5, 2017
Rompre avec Hollande
Emmanuel Macron avait un objectif ce soir, rompre avec François Hollande. Raillé depuis quelques semaines par ses concurrents sur cet héritage – les équipes de François Fillon le surnomment « Emmanuel Hollande » – il a par trois fois visé sans le nommer le président de la République.
L’évocation du dossier de la centrale nucléaire de Fessenheim fut l’occasion d’une première banderille en direction du chef de l’Etat. « Je ne suis pas lui », a-t-il affirmé avant d’ajouter : « Un président de la République, ça n’est pas quelqu’un qui est normal dans ses fonctions, qu’on le veuille ou non. Et je crois d’ailleurs que ça n’est pas ce que nos concitoyens lui demandent ».
Face à François Ruffin, journaliste réalisateur de Merci Patron, figure de Nuit Debout et candidat à l’élection législative dans la Somme, il a ajouté qu’il n’allait pas « monter sur un camion et dire : ça ne fermera pas ». A Ruffin qui lui évoquait le sort des salariés de l’usine Whirlpool d’Amiens, Macron a choisi la référence à Florange où, en 2012, François Hollande s’était rendu. Une évocation qui n’est pas passée auprès des derniers fidèles du président :
Là où @fhollande est monté sur un camion en 2012, 650 emplois ont été préservés #Florange #engagementstenus #LEmissionPolitique
— Sébastien Denaja (@SebastienDenaja) April 6, 2017
La suite de l’échange avec François Ruffin fut tendue :
« Soyez gentil avec moi : je n’ai pas les mêmes combats que vous, mais j’ai mes combats et je suis aussi libre que vous. Et je n’ai pas de leçons de liberté à recevoir. Dans la vie, j’ai su dire non, je l’ai dit à plusieurs reprises, donc je ne suis l’otage de personne, et je ne sers personne », s’est agacé Emmanuel Macron, alors que le réalisateur de Merci Patronl’accusait de servir les intérêts des marchés financiers et du CAC 40.
.@EmmanuelMacron à @Francois_Ruffin : "Je suis aussi libre que vous (..) je ne suis l'otage de personne et je ne sers personne." pic.twitter.com/u5nrqkNNWT
— L'Événement (@LevenementFTV) April 6, 2017
En fin d’émission, il enfonça le clou avec une référence à peine dissimulée au livre Un président ne devrait pas dire ça…:
« Je pense que, en particulier quand on préside, on n’est pas le copain des journalistes. Vous pourrez le noter, on me reproche beaucoup de ne jamais faire de off, de ne jamais accepter de déjeuner ou de dîner (avec) des journalistes. (Ou) très très rarement, comme vous le savez. »
Sur la Syrie, à la Une de l’actualité internationale, Emmanuel Macron s’est déclaré favorable à une intervention militaire pour « sanctionner » Bachar al-Assad, s’il est reconnu coupable des attaques chimiques qui ont causé des dizaines de morts – dont des enfants – en début de semaine.
« Je ne suis pas quelqu’un qui aime l’argent »
Interrogé sur son train de vie par David Pujadas, il s’est expliqué : « Je ne suis pas quelqu’un qui aime l’argent, sinon, je n’aurais pas quitté le secteur privé. » Il ne cache pas pour autant « avoir très bien gagné [sa] vie dans le secteur privé », lorsqu’il travaillait comme banquier d’affaires pour la banque Rotschild. Il a toutefois mis en garde : « La transparence, ce n’est pas le voyeurisme », refusant de détailler ce qu’il a fait des sommes gagnées lorsqu’il était banquier. « Le secret fiscal, l’intégralité des informations, ce n’est pas parce que vous êtes un responsable public que vous devez les divulguer. Vous devez les divulguer si vous avez des problèmes », a-t-il conclu.
Sur le plan national, Emmanuel Macron a reculé quant au fait de ne nommer aucun ancien ministre, s’il était élu président président de la République le 7 mai. Il n’exclut pas dans certains cas « une ou deux individualités », par exemple François Bayrou ou Jean-Yves Le Drian. Il a toutefois précisé que « En marche ! n’est pas une recyclerie ».
Pour le reste, il a réaffirmé :
« Il y aura des gens de la société civile qui ont une légitimité forte dans leur secteur et des responsables politiques que je choisirai pour qualité, leur connaissance des dossiers, pas parce que ce sont des apparatchiks politiques. »
La bourde de France 2
Emmanuel Macron a en outre dévoilé l’identité des 14 premiers candidats investis par En Marche! pour les législatives.
Barbara Lefebvre, une professeure d’histoire-géographie a été invitée par l’équipe de l’émission pour interpeller l’invité sur ses propos sur le colonialisme. Emmanuel Macron avait suscité la polémique en évoquant un « crime contre l’humanité ». Toutefois, l’émission a omis de la présenter comme membre du comité national « France solidaire avec Fillon » par « Les familles avec Fillon ».
https://twitter.com/HumanisteEM/status/850084976016203776
Interrogée en fin d’émission, Mme Lefebvre a nié soutenir M. Fillon, visiblement gênée :
L’Emission politique, avec 3.6 millions de téléspectateurs a établi son record de la saison. A l’issue de l’émission, 51 % des votants du sondage Harris interactive ont estimé qu’il ferait un bon président :
51% des Français pensent qu’@EmmanuelMacron ferait un bon président de la République #LEmissionPolitique via @harrisint_fr pic.twitter.com/uVzWywdCVE
— L'Événement (@LevenementFTV) April 6, 2017
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