Don Winslow a passé vingt ans à étudier les cartels mexicains. Les connaissances qu’il a accumulées à leur sujet lui ont servi de matière première pour écrire deux romans basés sur des faits réels, dont The Cartel, qui sera adapté au cinéma par Ridley Scott. Ulcéré par l’interview d’El Chapo réalisée par Sean Penn, et par […]
Don Winslow a passé vingt ans à étudier les cartels mexicains. Les connaissances qu’il a accumulées à leur sujet lui ont servi de matière première pour écrire deux romans basés sur des faits réels, dont The Cartel, qui sera adapté au cinéma par Ridley Scott. Ulcéré par l’interview d’El Chapo réalisée par Sean Penn, et par les justifications de celui-ci, il dévoile pour le site Deadline tous les non-dits qu’elle contient.
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« Appelez ça comme vous voulez, mais pas du journalisme »
Dans son texte, l’écrivain spécialiste de la guerre des cartels explique qu’il s’agit « de tout, sauf de journalisme ». A ses yeux, au lieu d’interroger Joaquim Guzman (le vrai nom d’El Chapo) sans concessions sur les violences causées par les cartels de drogue, Sean Penn a réalisé « un portrait brutalement simpliste et malheureusement sympathique d’un meurtrier de masse ». Il accuse en somme Sean Penn et Rolling Stone de s’être faits manipuler par Guzman, et d’y avoir consenti.
Il énumère ainsi les questions non abordées par l’interview : Pourquoi Guzman, après sa première évasion en 2001, a-t-il déclenché une guerre contre les cartels rivaux qui a coûté la vie à 100 000 personnes ? Comment se fait-il que des jeunes filles mineures étaient régulièrement conduites dans sa cellule ? Pourquoi a-t-il de nouveau déclenché une guerre qui a causé la mort de milliers de personnes pour en tuer une seul, le patron de cartel Rodolfo Carillo Fuentes ?
« C’est un échec parce qu’il n’a pas compris qui il interviewait »
Winslow aurait souhaité aussi l’entendre s’exprimer sur les actes que ses employés ont commis en son nom, comme les décapitations, les mutilations et les dissolutions des corps de ses victimes dans de l’acide.
Au lieu de cela, Penn ose en effet dire que El Chapo « n’a recours à la violence que lorsqu’il estime qu’elle est dans son propre intérêt ou dans celui de ses affaires ». A croire que cela explique le meurtre de centaines de journalistes dont les corps mutilés ont été laissés dans des décharges à la vue de tous dans les villes mexicaines ces dernières années… L’écrivain reproche finalement à Sean Penn de trouver de fausses excuses à El Chapo.
Et de conclure : « Je suis choqué que Rolling Stone ait accepté, pour obtenir cette interview, de la faire relire à un meurtrier de masse. L’histoire de Penn n’est pas un échec parce que les gens n’ont pas réussi à la comprendre, comme il l’a expliqué dans l’émission 60 Minutes. C’est un échec parce qu’il n’a pas compris qui il interviewait ».
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