Parce que se faire le témoin des vacances des autres à travers l’écran de l’ordinateur du bureau a parfois pour conséquence un tsunami d’aigreur.
Les jambes près d’un point d’eau
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Grand classique, la photo de jambes en plongée nécessite peu d’accessoires. Une simple serviette, un matelas de plage ou pour les plus téméraires un matelas gonflable, suffisent en effet à faire passer le message désiré. Las ! car peu importe le soin apporté à ces images, celles-ci n’en trahissent pas moins la solitude de la personne derrière la caméra, réduite à prendre elle-même son corps en photo comme d’autres se caressent à défaut de partenaire. Deux jambes, certes, mais combien d’amis ?
Le maillot de bain
De la pose bien cambrée un tout petit peu connotée au saut pseudo-innocent les bras en l’air sur la plage, le cliché en maillot impose aux autres quelque chose qu’ils n’avaient pas forcément demandé. S’il dissipe tout mystère concernant son sujet, Il en dit aussi beaucoup sur la personne derrière la caméra. Ami, amant, parent ? Quoiqu’il en soit : quelqu’un d’aimant. Assez, en tout cas, pour oublier qu’un monstre d’égoïsme vient de lui demander de prendre une photo de lui à moitié nu pour la poster ensuite sur les réseaux sociaux. Ce n’est qu’une question de temps.
Les signes ostentatoires
Sur un bateau, devant un jet privé, allongé sur le lit à baldaquins de la pool house d’une location saisonnière où la semaine équivaut à 27 fois le loyer mensuel d’un T2 parisien (ou les trois à la suite), il n’y a pas que Jean-François Copé qui est décomplexé. Voyez où ça l’a mené.
Les monuments historiques
Pas la peine de se donner l’image raffinée d’un aristocrate européen en plein Grand Tour. Il fait chaud et tout le monde voit clair dans votre jeu : même si visiter une ville en plein été vous fait suer comme un neo-jogger en surpoids, vous vous consolez de ne pas être au bord d’une piscine en prenant des photos de tous les monuments listés dans votre Cartoville. De toutes façons, pour les photos de pieds à proximité d’un point d’eau c’est loupé : ils sont criblés de cloques partiellement ensanglantées.
Le panorama
Hors cadre il faut se rendre à l’évidence : beaucoup de gens font exactement la même photo. Celle-là même qui d’ailleurs se décline sur les guides, les cartes postales à 2,30 euros vendues aux différentes buvettes du coin et les 5 652 748 résultats Google Image. Impossible, toutefois, de s’abstenir et de ne pas capturer ce « panorama qui s’offre à nous ». Pour les plus lucides, à l’élan artistique s’ajoute parfois une conscience aiguë de sa banalité crasse. Mais c’est vrai que c’est beau avec ce coucher de soleil là.
La nourriture plus ou moins exotique
Parti pris quasi-politique contre la photo dite du « maillot de bain ».
Le billet d’avion ou assimilé
Une personne postant sur Internet la photo de son billet d’avion en salle d’embarquement est avant tout une personne suffisamment optimiste et/ou étanche au terrible sentiment de l’inéluctabilité de la mort pour ne pas être ne serait-ce qu’affleurée par l’idée qu’en cas de « catastrophe aérienne », cette image illustrera un article de site en ligne (potentiellement rempli de fautes d’orthographes) sur « l’évènement tragique ». +1000 clics s’il s’agit d’une image de l’avion prise de la passerelle d’embarquement.
Le « selfie » bronzé
Depuis que la pâleur n’est plus à la mode, l’occidental moyen se trouve plus beau quand il est bronzé. Outre les bienfaits de la vitamine D, les effets du soleil sur la peau sont à eux-seuls un objet potentiellement documentable. Plus besoin, donc, de faire semblant de soutenir des causes politico-humanitaires (au choix, la résolution du conflit israélo-palestinien, les soins funéraires pour les séropositifs ou la Bretagne) pour donner dans l’autoportrait narcissique. De toute façon, personne n’était dupe.
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