Si les images produites par l’intelligence artificielle de Google semblent avoir été réalisées sous LSD, c’est bien nous qui sommes en plein bad trip.
L’inceptionisme n’est pas un humanisme
Depuis quelques jours se partagent sur la toile ces étranges images de figures animales dans des paysages psychédéliques – regroupées sous le terme générique d’inceptionisme. Il ne s’agit pas de tableaux réalisés par un artiste un peu trop influencé par sa dépendance au LSD mais d’œuvres de l’intelligence artificielle de Google. Plus précisément : d’un réseau de neurones artificiels qui apprend à identifier des objets sur les images grâce à certains éléments (couleur, forme, orientation) pour, in fine, arriver à les interpréter.
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L’interprétation des rêves
Parallèlement à ses recherches, Google fait donc un pas de côté qui consiste, presque pour “l’amour de l’art”, à pousser le réseau de neurones artificiels plus loin en l’amenant à générer ses propres images à partir de photos préexistantes. C’est ce que les ingénieurs de Mountain View ont appelé les “rêves” du réseau. Des songes principalement composés de gueules de chiens, d’yeux diaboliques, de corps d’escargots, de pigeons bicéphales et de constructions fantasmatiques dignes d’une Jérusalem céleste ultrakitsch. Qu’en conclure, (à part que l’intelligence artificielle de Google pourrait avoir à faire un gros travail sur son refoulé) ?
No man’s land
Face à ces visuels, personne ou presque ne s’alarme des recherches qui tendent à identifier (comme le ferait un service de police) ou à traduire (comme on traduit en justice) ce qui se passe sur “les images”. Les logiciels de reconnaissance faciale sont aujourd’hui plus précis qu’un humain et l’on sait que toute photo postée sur le net (via les services de Google notamment) est potentiellement archivée comme ressource “biographique et biométrique” (ainsi que nous l’apprenait un rapport de la NSA rendu public par WikiLeaks). Tout le monde le sait, mais rares sont ceux qui semblent s’en soucier. Alors, tandis que surveillés et surveillants fuient sur des océans sans bord, ces images cauchemardesques créées par l’intelligence artificielle apparaissent comme les mauvais rêves d’une société qui, comme l’écrivait Guy Debord, “n’exprime finalement que son désir de dormir”.
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