Carla Bruni-Sarkozy s’est entretenue avec un panel des lecteurs du Parisien, vendredi dernier à l’Elysée. L’épouse du Président, qui se disait en 2008 « épidermiquement de gauche », s’affirme aujourd’hui « ultra-sarkozyste ». Le couple présidentiel est bien en campagne pour 2012. Décryptage.
Le 29 avril, à l’Elysée, sans aucun conseiller, Carla Bruni-Sarkozy s’est entretenue avec six lecteurs du Parisien. Une rencontre dont l’idée avait été évoquée dès le mois de janvier – bien avant les rumeurs de grossesse – mais qui devait en principe se dérouler au siège du journal, à Saint-Ouen. Pour éviter les paparazzis, la rencontre a finalement eu lieu faubourg Saint-Honoré et Nicolas Sarkozy est venu passer une petite tête pour embrasser son épouse. L’entretien est publié ce lundi matin dans le quotidien.
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Interrogée sur sa « sensibilité de gauche », Carla Bruni-Sarkozy se définit aujourd’hui comme « ultra-sarkozyste« , ne se dit « plus du tout, du tout de gauche« . Elle indique aussi que « ce serait mieux qu’il (Nicolas Sarkozy) continue » pour un second mandat et affirme d’ailleurs qu’elle jouera un rôle dans la campagne présidentielle à ses côtés :
« Je peux l’accompagner sur le terrain, écouter les gens, aider ceux qui le demandent, peut-être participer plus à la vie politique, l’accompagner à des meetings. »
Des déclarations sur-mesure au fil du quinquennat
Nicolas Sarkozy est en course pour un second mandat et si officiellement il ne l’a pas encore annoncé, l’entretien de son épouse avec ses lecteurs du Parisien ne laisse planer aucun mystère pour 2012. Une manière de montrer aussi que les déclarations de « la première dame » épousent la stratégie politique de son mari. Au moment où le Président se replie sur son électorat UMP et cherche à séduire la droite de la droite, elle se dit « ultra sarkozyste« . En somme, plus convaincue qu’elle, tu meurs.
Du sur-mesure en somme, comme toutes les déclarations de Carla Bruni-Sarkozy qui ont toujours accompagné les temps politiques du quinquennat de Nicolas Sarkozy.
Ainsi, en juin 2008, début du mandat, Nicolas Sarkozy pratique la politique de l’ouverture. Carla Bruni se définit alors dans Libération, quotidien de gauche, comme « épidermiquement de gauche ». Une manière de s’inclure dans les « prises de guerre » du quinquennat. En septembre de 2008, dans la boîte à Questions du Grand Journal, elle assure qu’elle est « encore de gauche ».
Un an plus tard, le 15 janvier 2009, Nicolas Sarkozy est encore solide sur son trépied rupture-réforme-ouverture mais la baisse dans les sondages se fait déjà sentir. L’électorat UMP est déboussolé par ces ministres de gauche et par l’image du couple présidentiel. Carla Bruni commence à mettre la pédale douce sur la carte « je suis de gauche et je le fais savoir ». Désormais, elle déclare :
« Je suis de gauche, mais je ne le revendique pas comme une provocation vis-à-vis de la majorité de mon mari, ni comme une militante. »
Changement de ton, rupture dans le vocabulaire
Le 31 janvier 2011, après les ravages causés par l’affaire Frédéric Mitterrand dans l’électorat UMP, Carla Bruni-Sarkozy confie au Parisien :
« Je n’ai jamais voté pour la gauche en France, et je vais vous dire, ce n’est pas maintenant que je vais m’y mettre. Je ne me sens plus vraiment de gauche. »
Elle ajoute qu’elle ne souhaite pas s’engager politiquement :
« Pour moi, la politique reste un monde difficile. Ce ne sera jamais mon métier, je n’en ferai jamais (…). La politique, ce n’est pas mon métier, c’est parfois violent. »
S’il le faut, Nicolas Sarkozy pourra toutefois compter sur elle dans le cadre de la campagne: « Je serai évidemment derrière lui, s’il se lance. »
Plus le gouvernement droitise sa politique, plus les déclarations de Carla Bruni-Sarkozy s’en ressentent. L’apothéose ce 2 mai, dans Le Parisien, avec son « je suis ultra-sarkozyste » et sa volonté que son mari fasse deux mandats, « pour le pays ». Une manière de revenir sur ses déclarations du 13 décembre 2009 sur TF1 : « En tant qu’épouse, un mandat me suffirait. »
Marion Mourgue
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