Rencontre avec la sociologue de mode Elodie Nowinski qui décrypte l’impact du mouvement féministe lors de la nouvelle édition du festival.
Il y a un an, en pleine affaire Weinstein, Cannes était devenu la plateforme de multiples contestations – on se souvient notamment de Kristen Stewart, montant les marches pieds nus et talons à la main en protestation contre le code vestimentaire sexiste de l’évènement. Un an après, quel impact, quels changements ? La sociologue de mode Elodie Nowinski fait le point.
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Au niveau vestimentaire, qu’avez-vous remarqué comme tendance générale cette année ?
Un an après Me Too, à première vue, c’est business as usual (comme d’habitude, ndlr), c’est une translation du podium sur le tapis rouge, finalement une vitrine classique du luxe : je reconnais les robes des défilés récents. On remarque aussi une grosse présence de mannequins et de personalités qu’on ne voit pas habituellement, loin du milieu du cinéma.
Si ça stagne, c’est en partie à cause des médias qui s’entêtent à faire des palmarès des plus belles tenues, qui saluent quasiment toujours les modèles de couture française ou italienne classiques. Quant à Me Too, les groupes de luxe se sont emparés de cette problématique, comme l’opération Women in Motion de Kering, qui donne la parole à des actrices assez traditionnelles.
Avez-vous remarqué des gens qui sortent du lot ?
L’actrice Shaileen Woodley a porté un short et une veste longue signée Dior, Elodie Bouchez a opté pour un smoking et Charlotte Rampling une robe un peu plus atypique pour le festival, dessinée par Anthony Vacarello. Il y a quelques moments de rébellion, comme quand la comédienne Sand Van Roy – qui avait porté plainte pour viol contre Luc Besson l’an dernier – est apparue avec un tatouage sur le dos dénonçant les violences faites aux femmes.
Où d’autre peut-on voir du changement ?
La mode est un business, et Cannes n’est pas vraiment le lieu ni l’endroit pour ce genre de combat. Il faut regarder l’ombre portée de Me Too : ça reste partout, non pas dans le vêtement mais dans les engagements personnels, comme les prises de positions de Chloe Sevigny. Cela redevient de l’engagement personnel de la part des stars. Quant à Cannes… the show must go on.
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