Le groupe Canal+ met le paquet sur les innovations technologiques et promet à ses abonnés une “nouvelle expérience” à travers des applications enrichies, un nouveau décodeur et un moteur de recommandations.
“Sur la technologie, Canal+ is back !” L’aveu, le 9 juin, de Rodolphe Belmer, directeur général du groupe Canal+, en conclusion de la présentation des innovations technologiques, a valeur de symptôme : la puissance d’un média audiovisuel se joue aujourd’hui largement autant dans le renouvellement des circuits d’accès et de consommation des programmes que dans leur contenu propre. Il s’agit d’ajuster l’offre télévisuelle aux modes de consommation mobiles et individuels.
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Il n’est pas anodin qu’une chaîne comme Canal+, habituée depuis ses débuts à la mise en valeur éditoriale de ses productions, réajuste aujourd’hui son discours stratégique sur l’enjeu de la technologie. Sans occulter totalement les responsables des programmes, les nouveaux maîtres à bord du groupe Canal+ sont des ingénieurs nourris aux sirènes du marketing, parlant à tout bout de champ d’internet ouvert, d’OTT (over the top), de plug-in, d’ultra HD, de player HTLM 5, de recommandation algorithmique objective… Bref, des gros “techos”.
Ils sont 1200 dans le groupe Canal+. Ce dernier a investi beaucoup depuis deux ans dans cette voie, en recrutant 200 nouveaux jeunes ingénieurs. A Canal+, on ne dit ainsi plus qu’on regarde la télévision ; on fait “l’expérience” de regarder la télévision. Ce déplacement sémantique signifie combien le téléspectateur se transforme sensiblement, par la magie des mots performatifs, pour devenir le spectateur souverain, mobile, autonome, d’un spectacle total, en ultra haute définition.
Une appli mobile, un nouveau décodeur, un moteur de recommandation
Cette nouvelle expérience, “garantie d’une télévision augmentée à la pointe des nouveaux usages”, selon les mots du président Bertrand Meheut, prolonge au fond un vieux tropisme de Canal+, puisque la chaîne prétendait déjà il y a plus de dix ans dans un slogan publicitaire que “pendant qu’on la regardait, on n’était pas devant la télé”.
Trois nouveautés, effectives dès l’automne, illustrent cette “innovation créative” : l’application mobile enrichie MyCanal, à l’ergonomie repensée, qui permet de retrouver sur tous les écrans plus d’une centaine de chaînes, en live ou à la demande ; le nouveau décodeur Le Cube S, qui intègre un processeur dix fois plus puissant que ceux de la génération de décodeurs TNT, au design épuré, compact (8,5 centimètres de côté), que l’on peut transporter partout (il suffit d’une simple connexion wifi pour accéder, chez soi ou en déplacement, à tous les programmes) ; et Suggest, moteur de recommandation censé proposer au téléspectateur, grâce à des algorithmes, une offre répondant à ses goûts…
Ou comment l’intelligence artificielle se propose d’aider tous ceux qui, pris de vertige devant la masse infinie des programmes proposés, ne savent plus qui ils sont ni ce qu’ils désirent… Si la technologie “is back”, c’est aussi dans son ambition démesurée d’anticiper et de déterminer nos désirs. A l’âge de la post-télé, les algorithmes sont rois, et les applications reines.
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