Pendant les campagnes présidentielle et législatives, le Conseil supérieur de l’audiovisuel a surveillé tout ce qui passait à la télévision mais peu sanctionné. Quelques chaînes ont été mises en garde.
Le feuilleton “Ségolène Royal” se termine. Au soir du deuxième tour des législatives, la candidate socialiste à La Rochelle reconnaît sa défaite en direct, quelques minutes avant l’heure officielle des résultats. Le code électoral l’interdit et le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) est là pour le faire respecter.
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Pourtant, après une séance plénière consacrée à ce faux-pas, l’autorité administrative indépendante a décidé de laisser filer : il y a bien violation, mais aucune sanction ne sera appliquée.
“En raison des circonstances particulières et notamment l’heure de diffusion de l’allocution de Mme Royal et du fait que le scrutin était clos dans la circonscription concernée, le Conseil n’entend pas intervenir à l’encontre des chaînes de radio et de télévision.”
“C’est le seul incident des législatives”, explique un chargé de communication du CSA. Égalité du temps de parole, respect des périodes de réserve, heure des résultats : tout s’est passé dans les règles.
Pendant la campagne présidentielle par contre, plusieurs antennes avaient reçu des avertissements du CSA. Ils peuvent aboutir, en cas de récidive, à la suppression d’une tranche de publicité, la lecture d’un communiqué d’excuses ou une amende. Voici un bilan concernant les chaînes de télévision en France métropolitaine.
France 2 : un Mélenchon de trop
Le 22 avril, jour du premier tour de l’élection présidentielle, le 13 heures de France 2 commet une erreur : il donne la parole à Jean-Luc Mélenchon pendant… 9 secondes. Hors délai puisque la campagne officielle était terminée depuis le vendredi soir précédent. Le candidat du Front de gauche répond à un journaliste :
“On passe quelques instants tranquilles entre amis, on va blaguer, mettre tout ça un peu à distance, avant de plonger dans le four ce soir”
C’est tout, mais aux yeux de la loi cette simple citation constitue de la propagande électorale pendant la période de réserve, et vaut une mise en demeure à France 2.
BFMTV : Coucou, c’est François Bayrou
BFMTV (comme la radio RMC, appartenant aussi au groupe NextRadio) a quant à elle donné la parole à François Bayrou le matin du premier tour. Le candidat du Modem commentait sa dernière journée en lice :
“C’est au premier tour que se joue l’élection présidentielle. Et donc, un grand nombre de Français, peut être un grand nombre qui ne savent pas encore pour qui ils voteront. Parce qu’il y a la réflexion”.
Comme le souligne le CSA, “ces propos ont été rapidement interrompus par les journalistes en plateau”. La chaîne ne reçoit donc qu’une mise en garde, premier niveau d’avertissement avant la mise en demeure.
TF1 : la parole aux électeurs, hors délai
Le même jour, TF1 respecte presque tous les préceptes du code électoral mais chute en donnant la parole à des électeurs de Louviers, “qui expliquent les raisons de leur vote en faveur de tel ou tel candidat”, dénonce le CSA. Comme BFMTV, TF1 reçoit une mise en garde.
LCI, Direct 8 et France 3 : des problèmes de temps de parole
Un peu plus tôt dans la campagne, LCI reçoit une mise en garde “en raison d’une concentration trop forte des temps de parole sur deux candidats”, en l’occurrence Nicolas Sarkozy et François Hollande.
Direct 8 se fait aussi taper sur les doigts pour avoir trop fait parler Nicolas Dupont-Aignan. Il a obtenu 24% du temps de parole pendant la période examinée, au lieu de 10% qui lui étaient dus. Nathalie Arthaud a été sous-exposée, avec moins de 6%.
Au même moment, le CSA a déploré que certains bureaux régionaux de France 3 “n’aient diffusé aucune intervention de candidats ou de leurs soutiens”. Les chaînes fautives se sont rattrapées par la suite.
Lire notre article : Au fait, comment calcule-t-on le temps de parole?
Canal+, TF1 et France 3 : des résultats anticipés
Lors de sa soirée électorale du premier tour, Canal + “a diffusé des commentaires de journalistes faisant état d’indications précises sur les résultats de l’élection”, écrit le CSA qui délivre une mise en demeure à la chaîne.
C’est au deuxième tour que TF1 a dérapé et reçu une nouvelle sanction : le 6 mai dernier, une journaliste lit un SMS évoquant la victoire de François Hollande une heure avant le résultats officiels. Sur France 3, un présentateur météo a, quant à lui, fait des allusions permettant de deviner le nom du gagnant.
Outre ces incidents, le dévoilement des résultats avant 20 heures sur les sites belges et suisses n’ont pas eu de conséquences notables sur le comportement des chaînes françaises.
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