La police a lancé un appel à témoins après une fusillade survenue il y a deux semaines dans le quartier de Stockwell à Londres. Mais le message est brouillé par des tracts distribués dans les boîtes aux lettres qui incitent les riverains à ne pas collaborer.
L’affaire vexe la police, scandalise les associations de victimes et déchaîne les médias britanniques. Il y a quinze jours, une fillette de 5 ans et un homme de 35 ans ont été grièvement blessés lors d’une fusillade dans une boutique de Stockwell, un quartier du sud de Londres rongé par la délinquance et la guerre des gangs.
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Suite à ce qui semble être un règlement de comptes entre bandes, la police a voulu inciter les témoins à parler. Elle a notamment offert une récompense de 50 000 livres (plus de 56 000 euros) à toute personne détenant des informations qui permettraient l’arrestation des coupables.
« Les policiers ne sont pas tes amis »
Mais il y a quelques jours, des tracts appelant les témoins à ne pas coopérer et à ne pas faire confiance à la police ont été déposés dans les boîtes aux lettres du quartier. Selon la presse anglaise, les flyers renvoient à un site (désormais inaccessible) qui montrait notamment une vidéo dans laquelle de jeunes rappeurs plutôt menaçants demandent aux témoins de ne pas parler à la police.
Cette campagne, jugée « irresponsable », rend folle l’unité Trident, le service de la police londonienne chargé d’enquêter sur les crimes à armes à feu.
« Coopérer avec nous, ce n’est pas balancer, mais protéger sa communauté, a déclaré hier Stuart Cundy, qui mène les opérations. Les informations que nous recevons des témoins sont vitales pour résoudre les enquêtes. En utilisant le mot ‘balance’, on donne l’impression aux témoins qu’ils font quelque chose de mal alors que ce n’est pas le cas. »
Déjà une campagne similaire en janvier
L’unité est furieuse, d’autant que ce n’est pas la première fois qu’elle se heurte à un tel travail de sape. En janvier dernier, une campagne comparable avait été menée suite à la mort d’un adolescent de 19 ans, tué par balle à Londres. Les tracts visaient clairement à décrédibiliser les programmes de protection de témoins :
« Personne n’aime les délateurs. Souviens-toi que les policiers ne sont pas tes amis. Ne te fais pas avoir par les promesses de protection, d’anonymat et de récompense. Ils feraient tout pour t’inciter à balancer, avant de détruire ta vie. Sois malin, ne balance pas ! »
Ces flyers portaient aussi l’adresse d’un site, toujours en ligne, proposant carrément de « balancer anonymement des balances » (policiers, informateurs, infiltrés…). La campagne de l’époque s’adressait spécifiquement l’unité Trident. Elle avait été lancée par un témoin mécontent de la manière dont il avait été traité par la police sur une autre affaire de meurtre.
Hier, la police londonienne a rappelé qu’elle faisait tout pour protéger les témoins vulnérables et garantir l’anonymat de ceux qui acceptaient de s’exprimer au tribunal. Selon elle, Trident recevrait « énormément de soutien de la part de la population londonienne ».
Pauline Turuban
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