Plus d’un an après la diffusion du reportage polémique dans le 20 heures de France 2, un responsable de France Télévisions s’exprime pour la première fois à ce sujet et reconnaît un « bug ».
Un reportage diffusé le 7 décembre 2016 dans le journal télévisé de France 2 avait suscité de vives polémiques. Intitulé « Lieux publics : Quand les femmes sont indésirables », le sujet portait sur un bar dans la ville de Sevran, en Seine-Saint-Denis. Deux militantes de la « brigade des mères », filment en caméra cachée leur entrée dans un bar-PMU, le Jockey Club, pour témoigner de la réaction des hommes.
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Des réactions qui ne se font pas attendre : « Le mieux c’est d’attendre dehors, ici il n’y a que des hommes », « il n’y a que des mecs dans ce café » ou encore « dans ce café, il n’y a pas de mixité », leur dit-on. Caroline Sinz, la journaliste qui signe le reportage, commente : « aller dans un bar, ici, c’est braver un interdit ». La voix off questionne alors les raisons de cette discrimination : « Pourquoi les hommes rejettent-ils les femmes? Un problème de tradition, de culture, mais aussi de religion ».
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Un reportage décrié
Dès le lendemain de la diffusion, les contestations se font entendre. Notamment de la part des habitants de Sevran et des habitués de ce bar PMU, qui affirment que leur café n’est pas interdit aux femmes. Dans une lettre ouverte publiée le 13 décembre 2016 sur RMC, le maire de Sevran, Stéphane Gatignon, exprime son mécontentement face à ce reportage et fait remarquer un manque de respect.
Sur le Bondy Blog, un habitant de Sevran s’insurge. Il soutient que « factuellement, ce café est avant tout un bar PMU. Un lieu de paris, un lieu de jeux. Lorsque le reportage nous parle de problème religieux, en mettant l’accent sur des personnes typées arabes, des femmes voilées, on comprend bien que l’on parle d’islam. Or, il me semble que les PMU ne sont pas vraiment des fiefs de radicaux prosélytes musulmans ». Selon le Bondy Blog, le propriétaire du bar en question a porté plainte contre France Télévisions pour diffamation et provocation à la haine raciale en juin 2017.
Un responsable de France Télévisions évoque un « bug »
Plus d’un an après la diffusion d’un reportage, Hervé Brusini, directeur en charge du numérique et de la diversité à France Télévisions, a reconnu une erreur et évoqué un « bug » lors d’une audition devant la commission « image des quartiers » au Ministère de la Cohésion des Territoires le 29 janvier dernier. Accompagné de TF1, de BFM-TV et de Radio France, les médias y étaient invités à expliquer comment leurs rédactions représentaient les quartiers populaires.
« Il y a eu un bug, oui, et un problème qui s’est manifestement posé avec ce reportage, a par la suite confirmé Hervé Brusini au Bondy Blog. Comment analyser ce bug ? Ça, je ne sais pas ? Je ne suis pas mandaté pour en parler. »
C’est la première fois qu’un responsable de France Télévisions réagit face aux nombreuses controverses qu’avait suscité la vidéo. Le 16 mars 2017, la direction de la chaîne affirmait dans un communiqué que “les règles de déontologie journalistiques [avaient] été respectées pour ce reportage”. A l’époque, le CSA avait été saisi par des téléspectateurs et un sénateur, Yves Vaugrenard. Le Conseil avait alors expliqué n’avoir “pas relevé de manquement de la chaîne (…) les faits étant présentés comme représentatifs d’un problème de société global« .
Pascal Doucet-Bon, directeur délégué de l’information de France Télévisions, a, quant à lui, fait part de son soutien à ses équipes dans un mail envoyé en interne : « Le travail effectué par la rédaction a été pleinement assumé à l’époque, et l’est toujours. Nous rappelons que le CSA n’a relevé aucun manquement de la chaîne dans cette affaire« . Celui-ci soutient également que Caroline Sinz « ne fait en aucun cas ‘amende honorable’, comme certains ont pu l’écrire et le relayer, déformant et instrumentalisant les propos d’Hervé Brusini ».
Non, France Télévisions ne reconnaît pas un quelconque « bug ». Elle assume pleinement ce reportage et renouvelle son soutien à ses auteurs et à l’équipe du 20h. pic.twitter.com/OnBXgxVJzz
— Olivier Siou (@oliviersiou1) 9 février 2018
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