Pour la musicienne parisienne, le vêtement joue un rôle clé dans sa pratique artistique et sa perception d’elle-même.
La chanteuse de pop Cléa Vincent porte sa vision musicale jusqu’à ce qu’elle porte, tantôt dans un bombers en chutes de parachute, tantôt sur des t-shirts sérigraphiés, le tout par des jeunes marques éthiques. Alors que le musicien occupe l’avant-scène de la mode aujourd’hui, Cléa, elle, défend un style au pouvoir performatif – et non sans conscience planétaire. Rencontre.
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Quelle est ton implication avec la mode ?
Cléa Vincent – Toute l’année, j’ai fait des allers-retours à Poitiers, à un lycée de mode nommé le Dolmen, où j’étais en résidence. Je devais apporter un regard extérieur aux élèves, alors on a développé une collection qui s’appelle French Pop. Les élèves ne connaissaient pas du tout, alors j’ai commencé par les sensibiliser à ce mouvement, à leur apprendre à mettre des mots sur des silhouettes de chanteuses.
Puis je leur ai fait faire des tenues de scène pour moi, des bombers et des t-shirts sérigraphiés. L’idée était de mélanger deux mondes, celui de la mode et de la musique. Ils ont créé des bombers très graphiques, confortables pour être sur scène, qui ne tiennent pas trop chaud, qui me permettent de lever les bras. On a également mené un atelier de upcylcing pour donner une nouvelle vie à des vêtements.
Portes-tu des marques ?
J’ai longtemps été habillée en fripes car je suis très sensible à ce que je porte, que ce soit du made in France, de la seconde main ou de la confection éthique. Je porte plusieurs marques dont Orphée Studio, Ash, Harris Wilson, ou encore les t-shirts Fere ornés des mots “Belleville” ou “Sainte Anne”, je me sens super parigo dedans. Ce sont des créateurs avec lesquels on a une admiration mutuelle. Sinon j’ai plein de blousons en jeans, des bombers d’universités américaines, certains en chutes de parachutes, ou encore un blouson indestructible de la NASA.
Quel rapport as-tu au vêtement, particulièrement sur scène ?
Ma mère était créatrice alors j’ai grandi au milieu de croquis, de patrons, elle était abonnée à tous les magazines de mode, et elle était toujours très bien habillée. J’ai un bombers que je porte sur scène et qui me donne l’impression d’être une version “super-héros” de moi-même.
Mais ma silhouette typique a évolué. Classiquement, je ne portais pas de décolleté, j’avais la taille marquée pour mettre en avant mes jambes, avec des matières modernes qui prennent la lumière. Pour mon premier album, je portais des shorts hypercourts, j’avais donc un personnage de scène assez sexuel, et j’en suis revenue.
Aujourd’hui, j’ai trouvé ma féminité ailleurs que dans mes jambes, ça vient du plexus, du chant. J’ai arrêté les talons, je suis habillée plus tomboy et me sens plus belle comme ça. C’est une question d’équilibre aussi, d’être connecté au sol. Aujourd’hui je donne un nouveau focus à ma voix et aux mouvements qui en découlent.
Quand je joue, je n’arrive pas maquillée ni apprêtée, je passe en loge et je ressors “pimpée”, et ça donne une sorte de puissance qui émane, les regards changent, le vêtement me place dans le personnage, je me plonge dedans dès que je suis dans les fringues. Un vêtement peut vraiment donner une l’énergie particulière.
Pour une pièce de théâtre, j’ai dû m’habiller en garçon, en costume avec les cheveux plaqués, et tu sens ta posture changer, tu te tiens différemment. C’est pour ça que la mode n’est pas superficielle, elle raconte un rapport au monde.
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