Le site d’information et de divertissement a supprimé un grand nombre de ses contenus pour éviter d’être à nouveau accusé de plagiat. Un virage déontologique qui correspond à l’injection de 50 millions de dollars de la part de fonds d’investissements, qui souhaitent miser sur du « contenu de grande qualité ».
« Tu ne recopieras pas les autres sites d’information aveuglement« . Cette maxime pourrait bien devenir la devise principale de Buzzfeed, le site internet plus connu pour ses listes de chatons que pour ses bons articles de fond, cachés au fond d’une rubrique « long format » (big stories).
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Pourtant depuis quelques temps, le site opère une mutation discrète mais en profondeur. En témoigne ce constat étonnant relevé par le site américain Gawker hier (mardi 12 août) : Buzzfeed a fait disparaître près de 4900 articles de son site, depuis le mois d’avril 2014.
Un rédacteur, Matt Stopera, a notamment vu son nombre de posts passer de 6737 à 3459, soit une disparition de la moitié de ses articles (voir GIF ci-dessous, créé par Gawker). Le site a pour l’instant refusé de communiquer sur cette purge silencieuse d’une partie de ses contenus, mais cette décision s’inscrit dans une stratégie très poussée de chasse au plagiat.
Un rédacteur renvoyé pour avoir copié-collé des informations
Au mois de juillet dernier, le rédacteur Benny Johnson en a fait les frais. Il y a trois semaines, deux internautes (@blippoblappo et @crushingort) anonymes ont commencé à souligner les multiples occurrences de copier-coller dans les papiers d’un des plus anciens employés de Buzzfeed. Sûr de lui, celui-ci s’est fendu d’un goguenard « moi aussi je t’aime, Internet ☺ ».
Il n’en fallait pas plus pour énerver les deux utilisateurs de Twitter. « Dis adieu à ta carrière« , a prévenu l’un d’entre eux avant de publier le long article de blog qui poussera, quelques jours plus tard, Benny Johnson vers la porte de sortie.
say #YOLO to your career RT @bennyjohnson: Also, I love you internet :)
— blupman (@blippoblappo) 24 Juillet 2014
Toutes les publications de Johnson on été passées au crible. Les deux « justiciers masqués » y ont trouvé de nombreuses erreurs de journalisme, comme des informations sans préciser la source, des faits imprécis et surtout des « copier-coller » d’autres sites d’informations mais aussi de Wikipédia et même de « Yahoo Answers ». Au final, ce sont 41 articles du journaliste (sur les 500 publiés) qui présentaient des marques de plagiat.
Le rédacteur en chef de Buzzfeed, Ben Smith, a alors pris les choses en main, et viré celui qu’il a décrit dans un communiqué comme « un ami ».
« Benny est un ami, un collègue, et au meilleur de sa forme, une force créative. Mais nous n’avions pas d’autre choix que de le renvoyer. »
Et le communiqué de préciser :
“Le plagiat, et encore plus le recopiage de faits non vérifiés de Wikipedia ou d’autres sources, est un manque de respect envers le lecteur. Nous sommes terriblement embarrassés et désolés de vous avoir induits en erreur.”
La décision est intransigeante, la formulation insiste sur son caractère quasi inévitable. Buzzfeed veut montrer qu’il joue dans la cour des « grands », des sites d’information classiques, malgré le fait que son trafic est avant tout glané par ses fameux articles à puces.
Miser sur le « contenu de grande qualité »
C’est cette stratégie qui a plu aux nouveaux investisseurs, qui ont injecté 50 millions de dollars (37M d’euros) dans l’entreprise il y a 3 jours, via le fond d’investissement Andreessen Horowitz. Un de ses dirigeants, Chris Dixon, l’a confirmé auprès du New York Times :
« Buzzfeed et moi partageons la même conviction, qu’au bout du compte les gens sont intelligents et qu’il faut leur donner du contenu de grande qualité »
Après avoir annoncée être rentable depuis 2013, l’entreprise américaine réussit aujourd’hui à lever des fonds pour financer (officiellement) des contenus longs et fouillés (Buzzfeed souhaite également s’implanter dans d’autres pays et produire des longs-métrages, d’après le Figaro). De quoi rendre jalouse plus d’une rédaction qui produit de l’information en ligne.
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