A l’instar de Viceland, Brut compte réconcilier médias et millennials. Une plate-forme numérique très “social network” qui fait rimer reportage et Periscope.
Que reste-t-il de Nuit debout ? Des idées, des espoirs, et surtout… des images en instantané. Souvenez-vous des vidéos de Rémy Buisine, le Periscope addict. Au cœur de manifestations (souvent) tumultueuses, le reporter érigeait le gadget ludique en média alternatif. L’œil d’un témoin neutre, à mille lieues du sensationnalisme décrié de BFM-TV. Rien de surprenant à le voir aujourd’hui intégrer la team Brut.
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Derrière ce blaze choc se cache la plate-forme de création audiovisuelle supervisée par Renaud Le Van Kim et Guillaume Lacroix (les deux anciens producteurs du Grand Journal, fondateurs de Together Studio), épaulés par le staff de Laurent Lucas – l’une des têtes pensantes de l’ancien Petit Journal. Le but de Brut ? L’info. Maintenant. Partout
“Offrir aux 15-35 ans les clés nécessaires pour comprendre l’actualité”
A l’heure où la crédibilité des instituts de sondages s’effondre face aux victoires inattendues de Trump et de Fillon, Brut entend bien sauver les citoyens de la désinformation à coups de Facebook Live. Les voix électorales ont été entendues, la parole est à la jeunesse. “Nous voulons offrir aux 15-35 ans les clés nécessaires pour comprendre l’actualité, utiliser les outils des réseaux sociaux pour raconter notre société de manière didactique”, développe Guillaume Lacroix.
Ces codes des internets imbibent déjà les médias traditionnels – Franceinfo en regorge – mais sont ici recyclés au service d’une idée : rassembler les digital natives. A raison d’une dizaine de vidéos par jour publiées sur Facebook et Twitter, Brut entremêle sous couvert d’un tempo relevé – tendance musique électro – la vulgarisation culturelle (Macron décrypté de la tête aux pieds), le “live” d’un Buisine aux basques d’Arnaud Montebourg et le décalage plutôt LOL – comme fantasmer Juppé en Doc Brown.
Cette matière interactive est le fruit d’une époque connectée où chacun est son propre média – la génération YouTube en somme. “Notre chaîne est l’agrégat de plein de petits médias personnels, constituant une communauté d’esprits associés autour d’une même conduite”, définit son cocréateur, avant de nous décrire une interview inédite de Benoît Hamon, “qui prend la forme d’une conversation Snapchat”. Une trouvaille amusante qui nous rappelle la Boîte à Questions de l’époque Denisot.
Le contenu de la chaîne évoque l’infotainment à la Yann Barthès
Avec ses vidéos percutantes type “Le Hollande de 2011 versus le Hollande de 2016” ou “Koh Lanta primaire de droite” (la politique-spectacle condensée en soixante secondes), le contenu de la chaîne évoque l’info-divertissement à la Yann Barthès et les détournements satirico-pop de Konbini, sans pour autant ne jamais omettre sa vocation informative.
Sur le point de s’étendre vers YouTube, Dailymotion et Instagram, ce flux de pastilles didactiques fait écho aux désirs de Shane Smith, le créateur de Vice, à savoir délaisser les méthodes obsolètes des baby-boomers pour retisser le lien entre les millennials et le journalisme. Des directs de trente minutes à l’énonciation façon zapping des faits, Brut comble les failles de la télévision et coûte en un an “le budget d’une émission hebdo”. Pas question pourtant de sombrer dans les limbes du journalisme-web, dicté par la news. Si le contenu est incisif, il ne se soumet pas à l’impératif du clic. “Ce qu’il y a de plus viral, c’est l’intelligence”, concluent les fondateurs, qui se rêvent en “contre-pouvoir” des chaînes d’info en continu. Salutaire à l’aune de 2017.
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