Athlète puis star de téléréalité, Bruce Jenner – beau-père de Kim Kardashian –, devenu femme, fait le récit d’un héroïsme moderne et émancipateur.
L’apparition de Bruce Jenner sur le plateau de l’animatrice très grand public Diane Sawyer, dont est extraite la photo ci-dessus, a secoué et ému des millions d’Américains. Les cheveux longs et la poitrine apparente sous son chemisier, Jenner cloue le bec aux rumeurs intempestives et confirme publiquement sa transition de genre, invitant le monde entier à la suivre. Au passage, elle déconstruit pour mieux les redéfinir les paramètres de la “success story” moderne.
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Champion olympique de décathlon en 1976 puis connu pour sa famille ultra-bling, Bruce se défait de la pression normative de la “réussite” endurée toute sa vie. Car Bruce n’est autre que le beau-père de Kim Kardashian, qui a passé des centaines d’heures devant l’œil voyeuriste de la caméra dans son show de téléréalité, L’Incroyable Famille Kardashian (Keeping up with The Kardashians). Aujourd’hui, elle déclare avoir joué un rôle “par peur de décevoir. J’étais déguisée en cet homme parfait, ce héros américain, mais j’avais l’impression de mentir en permanence… A tous les égards, je suis une femme.” Bruce entame une transition dans les années 80 mais, à la demande de sa femme et manager de l’époque Kris Jenner, arrête tout. Elle la suit à travers ses divers projets commerciaux mettant en scène les membres de leurs familles, des licences et des apparitions télévisuelles à gogo et garde le silence. “Tous ces spectateurs à l’affût du moindre ragot – et tout ce temps-là, le plus grand scoop était enfoui en moi”, confie-t-elle à Diane Sawyer.
41 % de la jeunesse transgenre aux Etats-Unis a fait une tentative de suicide
Aujourd’hui âgée de 65 ans et séparée de Kris, qui n’aurait pas toléré cette nouvelle vie, elle dit “être enfin prête à être qui (elle est) réellement”. Elle décide d’utiliser la médiatisation frénétique dont elle a bénéficié tout au long de sa vie pour une cause trop peu soutenue, à l’heure où, selon le National Center for Transgender Equality, 41 % de la jeunesse transgenre aux Etats-Unis a fait une tentative de suicide et 78 % a enduré un harcèlement grave : “Je peux être un exemple positif et enfin faire une différence.”
Ainsi, se délestant de la virilité qui lui servait de masque et qui était devenue une prison, Bruce injecte dans l’imaginaire collectif encore trop cisnormatif (qui valorise une identité correspondant au sexe attribué à la naissance) un conte de fées moderne, où après s’être mariée et avoir eu beaucoup d’enfants, elle put enfin être elle-même.
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