Interrogé par les enquêteurs dans le cadre de l’affaire des financements libyens, la défense de l’ex-ministre de l’Intérieur manquait visiblement de cohérence.
« Mes contacts avec la Libye se limitent à moins de 24 heures avec une nuit sur place et à l’issue de ce déplacement je n’ai jamais eu un quelconque contact avec les autorités libyennes. Aucun séjour avant 2005, aucun séjour après, aucun contact avant, aucun contact après. Au total, moins de 24 heures consacrées à la Libye », a affirmé Brice Hortefeux devant les enquêteurs le 20 mars. D’après les informations recoupées par Mediapart, « ces moins de 24 heures » auront été suffisantes pour mettre le député européen au cœur des soupçons dans l’affaire du présumé financement par le régime Kadhafi de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
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Rendez-vous sans témoin
Les 24 heures en question ont eu lieu le 24 décembre 2005. Brice Hortefeux, alors ministre délégué aux Collectivités territoriales, se trouve en Libye à l’occasion d’un déplacement ministériel officiel. Le ministre confirme avoir été accompagné par l’intermédiaire Ziad Takieddine, lequel affirme avoir remis à Nicolas Sarkozy de l’argent libyen en liquide avant la présidentielle de 2007.
Pourtant, aucune trace de cette rencontre n’est retrouvée dans l’agenda officiel. « L’ambassadeur de France en Libye, Jean-Luc Sibiude, qui a pourtant accueilli le ministre délégué à Tripoli, n’en a pas été informé. Brice Hortefeux se rend au domicile de Senoussi [le beau-frère du leader libyen et ancien chef des services de renseignements militaires du régime, ndlr.] sans interprète ni officier de sécurité du ministre. En d’autres termes : sans témoin« , ajoute Mediapart.
A ces éléments, un autre, tout aussi troublant, vient s’ajouter. En septembre 2004, Alexandre Djouhri, l’autre intermédiaire dans cette affaire libyenne et détenteur d’une société offshore à cette époque, aurait bénéficié d’une intervention de Brice Hortefeux auprès de la cellule fiscale du ministre de l’Economie. « L’ancien ministre a déclaré n’avoir ‘aucun souvenir de cette note’. ‘Je n’ai jamais rencontré monsieur Djouhri, je ne lui ai jamais parlé et n’ai jamais été en relation avec lui en quelque période que ce soit.’ Avant d’ajouter : ‘Nicolas Sarkozy ne m’en a jamais parlé.' », rapporte la même source.
Brice Hortefeux lâché par Nicolas Sarkozy
La version de Nicolas Sarkozy semble décrédibiliser davantage la défense de son ex-ministre de l’Intérieur. Interrogé par les juges d’instructions – Serge Tournaire, Aude Buresi et Clément Herbo -, l’ancien chef de l’Etat prend délibérément ses distances vis-à-vis de son ancien bras droit. « Que Brice Hortefeux à titre personnel ait pu le [Ziad Takieddine, ndlr] fréquenter, c’est sa décision« , s’est-il désolidarisé lors de son audition.
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