Il quitte la présidence du Brésil avec 80 % d’opinions favorables. Reportage auprès de ses fans, les ouvriers, les femmes, les pauvres, ses companheiros à qui il a rendu fierté et espoir.
Carla Soares, 25 ans, salariée d’un magasin de meubles et mère d’un garçon de 3 ans, quitte le marché avec ses camarades du PT.
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« Lula nous a rendu notre fierté, à nous les plus pauvres. Il a amélioré ma vie, qui est meilleure que celle de mes parents et qui sera moins bonne que celle de mon fils. Je suis fière d’avoir connu les années Lula, d’avoir milité pour lui, voté pour lui. Je voterai Dilma, ce sera la première femme présidente du pays, et ce progrès-là, nous le devons aussi à Lula », explique-t-elle.
A São Paulo ville, dans un hôtel tout près de la grande avenue Paulista, Breno Altman, directeur du site d’information Opera Mundi, analyse la « lulamania ». Altman est proche du PT. Il a rencontré Lula à la fin des années 1970, lorsque celui-ci menait des grèves dans le quartier de São Bernardo. Il a suivi son parcours.
« La principale raison du succès de Lula s’explique ainsi : il est la première personne issue de la classe défavorisée à accéder au pouvoir, portant les besoins, les désirs et les ambitions de toute une classe, qui représente près de 90 % du pays – des très pauvres aux classes moyennes inférieures. Là où Lula a été très intelligent, c’est qu’il a compris qu’il ne fallait pas mener ce combat au détriment des 0,1 % de très riches qui dirigent l’économie du Brésil. Au contraire, il leur a permis de s’enrichir en permettant aux classes les plus pauvres d’accéder à la consommation. Les grands perdants, ce sont les 9,99 % qui restent : les classes moyennes supérieures, coincées pour longtemps et représentées par José Serra, le candidat du PSDB. C’est aujourd’hui l’adversaire numéro un de Dilma et il n’a pratiquement aucune chance de l’emporter. »
« La deuxième victoire de Lula, c’est celle de l’image, de la communication. Lula s’est construit sur un modèle positif et non guerrier, comme Chávez ou Castro. Son modèle, c’est Mandela. Il ne cherche pas le conflit mais le compromis et la discussion. C’est comme ça qu’il a mis fin à l’apartheid économique du Brésil. Il compte faire prospérer cette image sur le plan international. A la fin de son mandat, je ne serais pas étonné de le voir voyager dans les pays émergents, en Amérique latine mais aussi en Afrique, en Asie. Et pourquoi pas revenir à la présidence du Brésil après deux autres mandats de Dilma. Il n’aura que 73 ans après tout », conclut Altman, enthousiaste.
Stade municipal de Pacaembu, São Paulo toujours. Corinthians affronte Goias devant 31 000 personnes. Son opération séduction, Lula la mène depuis huit ans sur tous les terrains, en particulier celui du foot. Son club, c’est Corinthians : il ne manque jamais une occasion de poser avec Ronaldo ou Roberto Carlos. Tout le monde sait qu’il se trouvait l’après-midi à Guarulhos et on l’attend forcément au match de ce soir. Mais la campagne est trop prenante et Lula ne viendra pas.
Au Brésil, Corinthians est l’équipe la plus populaire, avec Flamengo (de Rio) : on dit que le club compte plus de 30 millions de supporters à travers le Brésil (plus de 200 millions d’habitants). Voilà quelques jours, Lula était à São Paulo pour la fête du centenaire de Corinthians. Il était à côté du président du club lorsque celui-ci a annoncé, sous un tonnerre d’applaudissements, la construction d’un nouveau stade de 80 000 places. Il est toujours bon de caresser 30 millions d’électeurs potentiels dans le sens du gazon.
« Je crois que Lula est un vrai fan du club, explique un jeune supporteur qui vote PSDB. On raconte qu’à la fin des années 1970, alors qu’il était leader syndical, il manquait des réunions pour voir jouer le Corinthians. Je le comprends, c’était l’époque de Socrates, du beau jeu. Aujourd’hui, Ronaldo est presque trop gros pour jouer. Je pense que Lula sait très bien ce qu’il fait avec Corinthians. »
Pendant ce temps, Boquita claque le cinquième et dernier but corinthiano.
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