Démissionnaire de la présidence de son petit mouvement associé à l’UMP, Christine Boutin s’est attachée les services de l’ancien vice-président du FN, Jean-Claude Martinez. Ce n’est pas la première fois qu’elle flirte avec l’extrême droite.
Il n’y a désormais plus de place au doute, Christine Boutin chasse à la droite de la droite. Démissionnaire de la présidence de son petit mouvement associé à l’UMP, le Parti chrétien-démocrate, l’ancienne ministre UMP s’est engagée dans la bataille pour les élections européennes de 2014 sous le signe de la défense de « la famille » et de « la vie ».
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Un ancien vice-président du FN à ses côtés
A ses cotés lors de sa conférence de presse ce jeudi, on pouvait voir Béatrice Bourges, soutien du mouvement de droite radicale « Printemps français » et surtout Jean-Claude Martinez.
Ce professeur de droit fiscal aux fines lunettes est un inconnu du grand public mais il a été une haute personnalité du Front national. Ancien vice-président du mouvement d’extrême droite auquel il a adhéré en 1985, cet ancien proche de Jean-Marie Le Pen fut l’un des plus ardents adversaires de Bruno Mégret lors de la scission de 1998. Surnommé « monsieur anti-impôts », Martinez s’est notamment distingué en défendant avec ardeur la suppression de l’impôt sur le revenu et la défiscalisation appliquée à l’économie. Le 17 novembre 2008, Jean-Claude Martinez a été suspendu du Front national pour avoir refusé de céder son siège de député européen à Louis Aliot.
Ce flirt avec l’extrême droite n’est pas une première pour Christine Boutin. Pour s’en convaincre, il suffit de faire un petit saut dans le temps. Retour aux élections régionales de 1998.
En 1998, Boutin militait pour une alliance avec le FN
Le dimanche 15 mars 1998, le FN a obtenu 15,2 % des voix et 275 élus. Dans douze régions, les conseillers FN sont indispensables à la droite pour élire un président issu de ses rangs. Le lundi 16, l’état-major frontiste réuni à Montretout décide d’un « soutien sans participation » aux groupes qui accepteront d’appliquer un « programme minimum ». C’est Bruno Gollnisch qui concocte cette plate-forme de compromis. Celle-ci comprend six conditions, dont le refus de toute hausse d’impôts, la priorité à la sécurité, la défense des identités nationales et locales… Pas un mot, en revanche, sur l’immigration ou la préférence nationale. Pour la première fois, le FN est donc prêt à un compromis programmatique pour créer les conditions d’une alliance.
C’est du côté de l’UDF que la digue craque, dès le lendemain. Cinq centristes se font élire présidents de région avec l’appui des voix frontistes : Charles Millon en Rhône-Alpes, Jean-Pierre Soisson en Bourgogne, Charles Baur en Picardie, Jacques Blanc en Languedoc-Roussillon et Bernard Harang dans le Centre. Jamais le tabou n’avait été transgressé à une telle échelle.
En Ile-de France, la tentation est grande pour la droite. A l’époque députée UDF des Yvelines, Christine Boutin milite pour que les « élus et dirigeants de l’opposition retrouvent les valeurs de la droite » et « travaillent sur la base de négociations transparentes avec le Front national » pour éviter de «voir la France partir à la dérive». Mais l’intransigeance de Philippe Séguin, alors président du RPR, empêchera toute alliance en région parisienne.
Débarrassée de la tutelle de l’UMP, Christine Boutin semble déterminée à marcher sur les plates-bandes du FN.
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