Sommeliers, blogueurs, cavistes ou critiques gastronomiques ont déjà choisi.
Le Fou du roi, domaine Le Temps des cerises 2015, Hérault
par Cyril Bordarier, caviste au restaurant Le Verre Volé (67, rue de Lancry, Paris Xe)
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“Le vin à boire avant de mourir est le vin que l’on a envie de boire maintenant. Pour cette fin d’été, début d’automne, un vin d’Axel Prüfer me paraît idéal. Il travaille en Hérault mais ne cherche même plus à obtenir l’appellation. Ses vins sont naturels comme tous ceux que l’on propose au Verre Volé depuis quinze ans. Sa cuvée Le Fou du roi est un grenache très souple et aérien, comme une infusion, avec des arômes de fruits frais. A 12 °, ça se boit tellement bien… Et ça coûte environ 21 euros. Un gros coup de cœur.”
Clos Sainte-Sophie à Montgueux, Emmanuel Lassaigne, Champagne
par Alexandre Jean ancien sommelier du restaurant l’Astrance (4, rue Beethoven, Paris XVIe), aujourd’hui installé au Japon
“Mon choix se porte sur un vin de Champagne pas encore commercialisé, puisqu’il est toujours sur lattes, en attente d’être dégorgé. Le Clos Sainte-Sophie à Montgueux, une parcelle de 1,2 hectare entourée d’une haie vive, est travaillé par Emmanuel Lassaigne depuis le millésime 2010. Le futur champagne sera une cuvée de vieilles vignes de chardonnay (plantées entre 1968 et 1975) et créé avec le propriétaire de ce clos, monsieur Valton, petit-fils du fondateur de l’entreprise Petit Bateau. La cuvée verra le jour entre 2017 et 2018.”
Les Amoureux, domaine Ballorin & F, 2011, Bourgogne
par Antonin Iommi-Amunategui blogueur (No Wine Is Innocent, Rue89) et auteur du Manifeste pour le vin naturel (Epure, 2015)
“Ma dernière très belle expérience, et celle que je vais donc retenir ici, a été ce marsannay de Gilles Ballorin. A l’aveugle, ça tabasserait pas mal de gros crus de Bourgogne : un très grand pinot noir, naturel par-dessus le marché, à 25 balles. Quand on sait les prix des “grands” bourgognes, c’est une affaire monumentale. Et surtout, c’est un vin – fin, énergique, aromatique, profond – qui te file une émotion gustative à réveiller les zombies blasés du buccal. A goûter avant de mourir ? Il y en a un paquet, ouf, et celui-ci en fait partie.”
Nero di Lupo, domaine Cos, 2013, Sicile
par Sandrine Goeyvaerts, blogueuse (La Pinardothèque) et auteur de Jamais en carafe : tout savoir sur le vin (Hachette)
“Un rouge sicilien qui coûte une vingtaine d’euros. Grosse claque en le buvant. Pur, minéral, un fruit de dingue, une framboise que tu mords, ce n’est pas de la démonstration une seconde, mais juste incroyable de simplicité et de complexité mêlées. Bref, c’est bon. Je dirais bien de le boire en solo pour en avoir plus, mais c’est un vin parfait d’amoureux pas tout à fait encore fixés. Après ça, tu l’es.”
Tsistka de Ramaz Nikoladze, Géorgie
par Sébastien Chatillon, sommelier au restaurant Chateaubriand (129, avenue Parmentier, Paris XIe) et caviste au Cave (même adresse)
“Je choisis la Géorgie, pour que la vie et la mort se joignent, car ce pays est le berceau du vin. Le vigneron Ramaz Nikoladze travaille à l’ancienne, en enterrant les amphores dans son jardin, là où dorment ses vaches, ce qui est censé être le plus tranquille… Issu du cépage tsistka, ce vin blanc est à la fois frais et rond, suave en bouche. Du coup, t’en bois plein. Une perle à 20 euros.”
Clos de la roche 1978, Hubert Lignier, Bourgogne
par Laura Vidal, sommelière au Paris Pop Up (restaurant itinérant)
“Jamais rien n’a été aussi incroyable dans mes dégustations depuis que j’ai goûté, il y a quatre ans, ce vin rouge transcendant, issu d’une grande année en Bourgogne. Le vigneron travaille à Morey-Saint-Denis, l’une des plus belles parcelles du clos-de-la-roche, en grand cru. Ce pinot a du parfum, un équilibre parfait, une jeunesse malgré son âge, de la profondeur. Une bouteille rare pour laquelle il faut mettre le prix (au moins 500 euros – ndlr) et qui peut devenir une obsession. J’y repense souvent.”
La Turque, côte-rôtie, maison Guigal, Côtes-du-Rhône
par François Simon, journaliste culinaire
“Je pense immédiatement à cette parcelle inouïe qui a la forme d’une Turque, une bottine. Sur l’appellation côte-rôtie, elle est la première à se distinguer lorsque la neige fond, révélant ce motif étonnant. D’où son nom. Ce vin me rend dingue, il est voluptueux, sombre, élégant, sensuel. Lorsque je disparaîtrai un jour de la Terre, j’ai demandé à mes enfants de jouer Helter Skelter des Beatles et de répandre mes cendres sur cette parcelle.”
Cuvée Marylou, Guy Breton, Beaujolais-Villages
par Aaron Ayscough, blogueur (Not Drinking Poison in Paris)
“Guy Breton, dit “Le Ptit Max,” est un génie discret du Beaujolais, qui se distingue dans une région déjà riche en talents pour la vinification naturelle, par la précision et la finesse de ses vins. Chaque année, sa “Cuvée Marylou” est sans pareille dans la région – un vin à la fois extrêmement léger et plein de fruits rouges lumineux. Pour moins de 20 euros, c’est idéal.”
Fleur de Savagnin en chalasse, domaine Labet, Jura
par Lucie Soerensen, sommelière à Septime la Cave (3, rue Basfroi, Paris XIe)
“Un vin, un seul avant de mourir… A défaut d’en choisir une bonne centaine pour calmer l’angoisse de cette fin si proche, j’opterai pour Fleur de Savagnin en chalasse de Julien Labet. Vin d’une grande vivacité, pour me tenir éveillée. On y sent beaucoup de fruits, du beurre frais et des noisettes légèrement grillées. Salin, minéral, il a un petit goût de reviens-y… malheureusement…”
Chérubin, domaine de l’Octavin 2006, Jura
par Olivier Grosjean, blogueur (Le Blog d’Olif) et coauteur de Tronches de vin vol. 1 et 2 (Epure)
“Je choisis un vin jaune, sans hésitation. Mais avant de le jeter à l’évier en pensant qu’il est daubé, un minimum d’éducation gustative s’impose tant ses arômes et sa structure peuvent déconcerter le palais non préparé. Il s’agit du seul vin volontairement oxydé en cours d’élevage pour éviter qu’il ne le fasse par la suite en bouteille. On choisira par exemple Chérubin 2006, du domaine de l’Octavin, vin jaune AOP Arbois. A boire dans toutes les bonnes occasions, avec un morceau de comté, une poularde à la crème et aux morilles, de la cuisine thaï, ou même tout seul, juste pour le plaisir.”
Où trouver l’introuvable ?
Les supermarchés ou les cavistes de chaîne n’aident pas à trouver des bouteilles issues de petites productions ou hors des canons du bon goût. Une migration chez les cavistes indépendants s’impose – le Verre Volé, la Cave des Papilles à Paris, parmi des dizaines d’autres – où il faut prendre le temps d’affirmer ses envies. Les cavistes en ligne, comme Pur Jus ou Rhonalia, font aussi l’affaire.
Au restaurant, l’une des méthodes les plus sûres consiste à faire ami-ami avec le sommelier, pour obtenir ce qui ressemble parfois au graal : la bouteille non signalée sur la carte, pas forcément plus chère que les autres mais plus rare. Le frisson de l’exclusivité s’immisce alors entre chaque gorgée.
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