La LCR c’est fini. C’est désormais à la tête du NPA (dont le premier congrès se tient ce week-end) qu’Olivier Besancenot entend fédérer les masses derrière lui. Christophe Bourseiller, spécialiste de l’extrême gauche, analyse pour nous les enjeux de cette refondation.
Que vous inspire la fin de la LCR ?
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C’est un peu la fin d’une époque. Celle de 68. Et cela témoigne certainement d’un renouveau générationnel à gauche de la gauche.
Quel sens a à vos yeux la création d’un nouveau parti, emmené par le même homme, Olivier Besancenot, sur les fondations de l’ancien ? En quoi s’agit-il de plus qu’un ravalement de façade ?
Rien ne permet d’indiquer à l’heure actuelle que le NPA incarnera un saut qualitatif. Comme vous le soulignez, la nouvelle organisation se calque peu ou prou sur l’ancienne. Elle suit pour l’instant la même ligne politique que feu la LCR. L’organisation bénéficie certes d’un certain afflux de jeunes recrues en phase avec la personnalité de Besancenot. Mais le périmètre global ne s’élargit guère.
Que pensez-vous du choix du mot anticapitaliste plutôt que celui d’antilibéral ?
J’insisterais sur le fait qu’il s’agit d’abord d’un « parti ». En employant ce terme, les créateurs du NPA se placent dans un héritage marxiste et léniniste. Le nouveau groupe ne sera ni une fédération, ni un réseau. On reste dans une phraséologie trotskiste. Le choix de qualifier ce parti d’anticapitaliste et non d’antilibéral va dans la même direction. Le rejet du capitalisme implique la foi dans un idéal communiste. Je ne vois rien ici de très novateur.
Sur quelles questions croyez-vous le parti capable d’imposer à court terme une voix à la fois singulière et fédératrice à gauche ?
Le NPA ne pourra espérer peser que s’il s’ouvre, et il ne peut s’ouvrir que sur sa droite. Acceptera-t-il de se convertir à un certain possibilisme ? Envisagera-t-il des alliances avec les autres gauches ? Le NPA semble tiraillé entre le désir d’ouverture, et la volonté de préserver les choix fondamentaux.
Souscrivez-vous au discours de ceux qui affirment que le succès du NPA pourrait faire plus de mal au PS qu’à l’UMP ?
En termes d’arithmétique électorale, on sait que l’extrême gauche prend généralement ses voix à la gauche modérée. Donc, elle l’affaiblit. De même, en son temps, le Front national a ébranlé la droite traditionnelle. Il est certain que l’UMP a plutôt intérêt aujourd’hui à « lepéniser » Besancenot…
Dans quelle mesure croyez-vous que le NPA peut constituer une force politique capable de peser aux élections, voire d’être assimilé à la gauche de gouvernement ?
Le NPA ne pourra se crédibiliser qu’à condition d’abjurer son credo révolutionnaire d’origine. Le souhaite-t-il ? Pour l’heure, il a même refusé de participer au « front commun de gauche » impulsé par le PCF et le Parti de Gauche. On est donc très loin d’un « programme commun » et d’une gauche de gouvernement.
Est-ce que la création du NPA peut changer le rapport de l’extrême-gauche au pouvoir ?
Le NPA se trouve à un tournant. L’affaiblissement du PS lui ouvre un boulevard. Encore faut-il qu’il se modère et qu’il avance des propositions concrètes. Il sera passionnant d’observer les débats internes des prochains mois.
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