A Lille, la Bouquinerie du Sart se sert de la revente de livres, CD ou DVD d’occasion pour aider à la réinsertion de personnes sans domicile fixe. Une belle initiative née grâce à Vianney Poissonnier. Rencontre.
Vianney Poissonnier n’est pas bouquiniste d’origine : «J’ai développé pendant quinze ans des sites web pour le grand public. En parallèle, je faisais des distributions alimentaires chez Emmaüs. Au fur et à mesure, j’ai découvert la vie de la rue et les gens qui étaient en situation de grande précarité. J’ai essayé de comprendre comment on pouvait aider ces personnes à rebondir. Je pensais créer des places d’hébergement. Sur Lille, 500 personnes environ étaient en attente d’un logement. Il aurait fallu construire de nouveaux centres. J’ai abandonné cette piste suite à ma rencontre avec Patrick Pailleux, directeur de l’Abej Solidarité, qui m’a dit que je pouvais aider autrement, en créant une entreprise qui pourrait donner du travail aux gens qui sont hébergés chez eux.» Une fois prêtes à réintégrer le monde du travail, les personnes avec une vraie motivation sont choisies pour faire partie de l‘aventure.
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Pour son projet, Vianney Poissonnier s’est entouré de deux encadrants : «Il y a Marc-Antoine Marchant, responsable de la logistique et des ventes sur internet. Il est ingénieur au départ, il cherchait un travail qui ait un sens. Marine Buriez, elle, s‘occupe de l’accompagnement. Je suis quant à moi chargé du projet global et de la collecte.»
Le but de la Bouquinerie du Sart ? La réinsertion. «Nous voulons rendre les gens fiables, bons camarades et compétents. Une fois qu’ils sont bons sur ses thématiques, ils obtiennent rapidement un travail dans notre réseau. L’idée est d’arriver à trouver les bonnes actions, les formations qui leur permettent de progresser sur ces trois sujets. Nous les accompagnons dans la réécriture de leur projet professionnel, nous leur trouvons un logement autonome.»
Grâce à des contrats de six mois ou d’un an à la Bouquinerie, les salariés se préparent à réintégrer le monde du travail : «Six personnes travaillent chez nous, et deux sont déjà parties vers d’autres aventures. On a renouvelé les contrats pour certains, qui sont un peu comme des redoublements, parce que nous ne sommes pas arrivés à un niveau suffisant pour leur trouver un travail.»
Mais pourquoi avoir choisi le monde du livre ? «Il y avait une structure à développer autour de la collecte et de la revalorisation. Cela rend un vrai service. On voulait que ces ouvrages soient bien traités et aient une deuxième vie.» Des livres, mais aussi des DVD, des CD, etc. «Nous avons même 6 000 vinyles au-dessus de notre bouquinerie. Nous cherchons des disquaires pour les revendre et les redistribuer.»
Et comment le système fonctionne ? «Les particuliers peuvent venir chez nous après avoir pris rendez-vous. S’ils sont en dehors de la métropole lilloise, ils peuvent faire un colis et le déposer dans un point Mondial Relay. Nous avons un accord avec eux qui permet depuis notre site internet d’imprimer une étiquette et de nous faire parvenir une petite caisse de livres. Des entreprises organisent aussi des collectes.»
Après plus d’un an d’activité, comment Vianney Poissonnier imagine-t-il l’avenir de la Bouquinerie du Sart ? «Nous sommes en train de consolider notre première unité de production, à Lille. Mais le cœur du projet, ce sont les personnes qui y travaillent. Nous voulons garder une dimension familiale. L’idée serait d’avoir plusieurs centres, de démultiplier l’action avec d’autres bouquineries en France. Si des personnes sont motivées, nous pouvons les aiguiller et leur expliquer notre fonctionnement. Et dans un avenir proche, nous voulons parvenir à financer l’atelier avec la vente de livres, et pour cela il en faut beaucoup. Car un livre d’occasion ne vaut pas grand-chose. Notre challenge est donc de développer les volumes des collectes.» Message bien reçu. Vous savez ce qu’il vous reste à faire…
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