Un deuxième tome des promenades culinaires de Goro Inokashira vient de paraître. Une bande dessinée à dévorer dans un lieu parisien propice à ce genre de rêveries.
De Goro Inokashira, on ne sait pas grand-chose. Qu’il travaille dans le commerce et qu’il est seul. Ce personnage de BD inventé par le scénariste Masayuki Kusumi et dessiné, comme un banal VRP, par Jirô Taniguchi, déambule dans les rues de Tokyo, dès le boulot terminé.
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Ce qui l’anime, c’est qu’il a toujours un petit creux. “J’ai la dalle, on se fait un ramen avant de rentrer”, dit-il à son ventre. Et “là où l’inspiration du moment l’a conduit, il mange ce qu’il veut, quand il veut et comme il veut”, décrit la postface.
“Croc, gnom, gnam”
Pour lui, “le tout, c’est de bien manger et du bon”. Il scrute la carte, commande un plat, ajoute une sauce, redemande du riz, reprend des nouilles, paie, remercie et s’en va en concluant : “J’ai trop mangé”.
Ses coups de baguette, accompagnés de “gouc, pfou, croc, gnom, gnam”, témoignent d’un appétit raffiné, souvent satisfait. Et le lecteur se nourrit de ses réflexions sur les spécialités choisies.
Comme à Tokyo
“Chacun de nous abrite un Goro Inokashira”, signale la postface. Alors, livre sous le bras, direction le Petit Keller, nouvelle table de Kaori Endo, ex-chef de Nanashi, spécialisé dans les bentos. Le troquet a tout de l’Isakaya où Goro va manger des calamars et des œufs jambon.
“C’est un endroit très convivial, joyeux, avec plein de petits trucs sans chichi”, décrit la chef. Une carte de mini-entrées, quelques salades, des donburis – bols de riz garnis – ou des plats en sauce, comme à Tokyo.
“Bon jusqu’aux arêtes”
A défaut des shijimis (“de petits coquillages d’eau douce que l’on met dans les soupes miso”, explique Kaori) dévorés à Shibuya, des champignons shiitakés, confits à Paris.
Le maquereau grillé sauce miso, apprécié du gourmet, parce que “bon jusqu’aux arêtes”, est à la carte. “A chaque occasion du repas, on en prend”, commente la chef, “c’est croquant, acidulé, frais. ça donne un petit rythme.”
“Eclater le jaune”
Le nitamago, un œuf mollet mariné au soja, est aussi suggéré par la maison avec le bol de riz. A la manière de Goro Inokashira, “il faut maintenant éclater le jaune. Armf, gnom, waow”.
Aux dernières pages des Rêveries d’un gourmet solitaire, alors qu’arrive l’addition, le livre se referme avec cette sensation “d’espace sentimental”, propre aux moments délicieux de lecture et de nourriture.
bd Les Rêveries d’un gourmet solitaire de Kusumi et Taniguchi (Casterman), 144 p., 16,95 €
Le Petit Keller 13, rue Keller, Paris XIe
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