Emporter ses plats à la maison dans un “doggy bag”, l’idée a du chien. Mais est-elle réalisable en France ?
Les mauvaises langues diront qu’avec la taille des portions proposées dans la plupart des restaurants français, un doggy bag (boîte utilisée pour ramener chez soi la nourriture non consommée) ne présente aucun intérêt particulier. Depuis le 1er janvier, pourtant, les établissements servant un nombre conséquent de couverts par jour sont incités à proposer à leurs clients ce service venu des pays anglo-saxons.
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Du Texas aux palaces de New York, il n’est pas rare, voire systématique, d’emporter à la maison le trop d’une part de lasagne monumentale ou d’un dessert férocement crémé. Un joli remède à la flemme de se faire à manger, doublé d’une solution idéale pour nourrir à peu de frais son animal de compagnie – l’expression vient évidemment de là.
Lutte contre le gaspillage
Cette “recommandation” gouvernementale n’a pas grand-chose à voir avec une soumission à l’ordre culturel américain, puisqu’elle fait suite à l’application des dernières étapes de la loi sur les biodéchets datant de juillet 2010. Un mois après la COP21, l’idée que le progrès écologique passe aussi par les assiettes s’impose doucement – depuis le début de l’année, les restos à fort volume sont obligés de trier leurs déchets, une avancée notable.
Pour essayer de faire du doggy bag un réflexe et effacer chez le mangeur la crainte de passer pour un pingre, la lutte contre le gaspillage alimentaire est bien sûr mise en avant. On attend avec impatience la photo promo de Ségolène Royal sortant de la cafèt du ministère de l’Ecologie avec un sac contenant les restes de ses frites déjà molles.
Deux cents grammes de nourriture jetés après chaque repas
Dire oui au doggy bag serait un acte citoyen, ce qui entre dans la doxa actuelle – à la fois de bon sens et parfois légèrement angoissante – qui consiste à lier l’acte de manger avec la responsabilité. Quant on sait que plus de deux cents grammes de nourriture consommable sont jetés après chaque repas dans la moindre brasserie, l’idée n’a rien d’absurde. Mais fait-elle rêver ?
Le meilleur restaurant sera toujours celui qui sert une nourriture instantanée, durable seulement dans notre mémoire sensorielle. C’est peut-être le plus grand défaut du doggy bag : tenter vainement d’effacer la barrière symbolique entre l’expérience du restaurant et la maison.
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