La Fouine et Booba n’ont pas le monopole du clash. La preuve en neuf joutes impliquant entre autres Michel-Ange, Tupac Bourdieu et Zidane.
BOOBA / LA FOUINE
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
La rentrée scolaire 2012 fut marquée par un conglomérat de clashs impliquant le fond de la classe. Parmi les principaux incriminés : Booba, Rohff, La Fouine et, à un degré moindre, le petit Willy Denzey qui n’avait rien demandé. S’il est difficile de remonter aux sources de cette altercation virtuelle il peut tout de même être utile de rappeler qu’en septembre, quelques heures après le lancement sur l’Internet de Wesh Morray, faiblard premier single de Futur, sixième album solo de Booba, Rohff réplique avec un morceau savamment intitulé Wesh Zoulette. Attaque en règle relayée par La Fouine qui balance alors une vidéo aussi longue qu’hypnotisante dans laquelle il affirme notamment habiter dans le même immeuble que Booba à Miami. Immeuble où, selon ses dires, Booba ne serait que locataire tandis que lui-même est « propriétaire ». S’en suivent une série d’insultes et de menaces par morceaux interposés donnant l’impression générale d’assister à une opérette mal jouée et destinée uniquement à attirer des miettes de médiatisation pour vendre quelques disques de plus.
Derniers épisodes en date : un morceau de Booba accusant La Fouine d’être un « pointeur » – auquel répond un morceau du suscité ayant principalement trait au phallus du précédent. A part ça, dans la nuit de dimanche à lundi, la « voiture de location » du rappeur de Trappes aurait été la cible d’un tir de 22 long rifles. Tout va bien.
Phrases clés :
« La plus grosse différence qu’y a entre moi et Booba c’est que Booba ça fait quatre ans qu’il habite dans notre immeuble mais il est locataire, Fouiny est propriétaire. » La Fouine
« Fuck ! T’es grave en chien, comme Emile Louis Laounizi / Le premier rappeur pointeur, double Uzi pour mes ennemis » Booba
« J’ai peur d’Elie Yaffa comme j’ai peur d’Elie Semoun / T’es bien balèze, tu ressembles à Gérard des Filles d’à côté / Gangster virtuel, j’ai fait un feat avec Booba, ça prouve que j’ai rien contre les homosexuels » La Fouine
Niveau de violence :
ROUSSEAU / VOLTAIRE
A 17 ans, Rousseau découvre en lisant Voltaire qui faut « un t à la troisième personne du subjonctif ». Très vite, il se passionne pour son œuvre et avouera a posteriori dans Les Confessions que les Lettres philosophiques fut le livre qui « l’attira le plus vers l’étude, et ce goût naissant ne s’éteignit plus depuis ce temps-là ». En 1745, Jean-Jacques écrit à Voltaire : « Monsieur, il y a quinze ans que je travaille pour me rendre digne de vos regards », ce qui n’attendrit pas plus que ça le principal intéressé. Alors que le sensible Rousseau s’affirme et affine sa conception de l’homme et de la société, Voltaire s’agace. « Voilà la philosophie d’un gueux qui voudrait que les riches fussent volés par les pauvres », écrit-il en marge du Discours sur l’origine de l’inégalité. Incompatibilité de points de vue et de personnalités. Les relations se dégradent peu à peu jusqu’à cette lettre de Rousseau à Voltaire le 17 juin 1760. « Je ne vous aime point, Monsieur ; vous m’avez fait les maux qui pouvaient m’être les plus sensibles, à moi, votre disciple et votre enthousiaste. (…) C’est vous qui me rendez le séjour de mon pays insupportable ; c’est vous qui me ferez mourir en terre étrangère, privé de toutes les consolations des mourants, et jeté pour tout honneur dans une voirie (…) Je vous hais, enfin, puisque vous l’avez voulu ; mais je vous hais en homme plus digne de vous aimer si vous l’aviez voulu », lâche-t-il magistralement. « Je n’aime ni ses ouvrages ni sa personne », commentera par la suite Voltaire, multipliant les insultes à l’égard du Genevois qualifié ça et là de : sot, bourgeois, impudent, ennuyeux, polisson malfaisant, insocial, philosophe de Petites Maison, monstre de vanité et de contradiction, d’orgueil et de bassesse, scélérat, petit singe ingrat destiné à tomber dans un éternel oubli, né dans la fange. La classe.
Phrase clé :
« C’est de Rousseau le digne et noir palais / Là se tapit ce sombre énergumène/ Cet ennemi de la nature humaine / Pétri d’orgueil et dévoré de fiel / Il fuit le monde et craint de voir le ciel. » Voltaire
Niveau de violence :
ZIDANE / MATERAZZI
Phrase clé :
« Il m’a tenu des mots très durs, plus durs qu’un geste, qu’il répète plusieurs fois. Ensuite, ça se passe très vite. Il a dit des choses très graves, très personnelles qui me touchent au plus profond de moi, sur ma maman, ma sœur. » Zinédine Zidane
Niveau de violence :
EDISON / TESLA
L’histoire des mauvais jeux de mots retiendra qu’entre eux le courant ne passait pas. En effet; la légende veut qu’Edison ait savamment démonté Tesla après lui avoir proposé de venir travailler avec lui aux Etats-Unis. En refusant catégoriquement de délaisser le courant continu au profit du courant alternatif et en lui refusant une prime pourtant promise, il pousse le scientifique européen et amateur de pigeons à la démission. S’en suivent des années de conflit plus ou moins ouvert entre deux hommes que l’on dit profondément narcissiques. Pour décrédibiliser les travaux de son adversaire, Edison et ses acolytes vont ainsi jusqu’à électrocuter publiquement des animaux afin de montrer la dangerosité du courant alternatif. Comble du glauque : pourtant opposé à la peine capitale, Edison invente la chaise électrique pour discréditer le système à courant alternatif et prouver son potentiel mortel. Lors de la première utilisation de la chose, la tension étant trop basse, la presse raconte qu’il fallut s’y reprendre à plusieurs reprises pour achever le condamné.
Phrase clé :
« Bzzzzz »
Niveau de violence :
RAPHAEL / MICHEL-ANGE
Michel-Ange, tout génie qu’il fut, était également un tout petit peu parano. Alors que selon Condivi, son premier biographe, Raphaël remerciait Dieu d’être né du temps de Michel-Ange, ce dernier, de nature un tout petit peu ombrageuse/colérique/susceptible/antipathique, n’avait de cesse de conspuer ses contemporains au premier rang desquels, donc, Raffaello Sanzio. « Tous ces différends qui ont surgi entre le pape Jules et moi furent provoqués par la jalousie de Bramante et Raphaël d’Urbino. C’est la raison pour laquelle il ne poursuivit pas le projet du tombeau de son vivant pour ma ruine. Raphaël avait de bonnes raisons à cela, car ce qu’il savait en matière d’art, il l’avait reçu de moi », écrit Michel-Ange dans sa correspondance, allant même jusqu’à, selon Vasari, l’accuser de plagiat.
Phrases clés
« Raphael ne possède rien par génie et doit au travail tout ce qu’il est. » Michel-Ange
« Raphaël a traversé la chapelle Sixtine. » Michel-Ange
Niveau de violence :
JERRY SEINFELD / NEWMAN
Phrase clé :
« Hello Newman »
Niveau de violence :
BIGGIE / TUPAC
Jadis bon camarades, Christopher Wallace et Tupac Shakur s’embrouillent aux alentours de l’année 1994 quand, dans un studio d’enregistrement de New York, Tupac se fait tirer dessus et dépouiller de ses bijoux à hauteur de 55 000 dollars. Biggie et son acolyte Puff Daddy étant sur les lieux, Tupac Shakur les accuse tous deux au mieux de ne pas l’avoir prévenu de l’attaque imminente, au pire d’avoir fomenté le coup pour l’abattre. S’en suit une période trouble où Biggie ravit le trône du rap game à Tupac, alors en prison. Bataille d’egos, de styles, de territoires, de clans, goût de la provocation et enjeux financier transforment nos deux amis en ennemis acharnés. Résultat : quand 2pac affirme avoir couché avec la femme de Notorious Big, tout le monde s’en mêle et s’engage sur une autoroute d’invectives, d’attaques, de menaces, de mots d’ordre incitant au meurtre, de fusillades jusqu’à, in fine l’assassinat de Tupac en 1996. Six mois plus tard, c’est Notorious Big qui est abattu de quatre balles dans la poitrine dans des circonstances troubles.
Phrase clé :
« Fuck Biggie/Biggie Smallz just got dropped (…). You claim to be a playa but I fucked your wife ! » Tupac
Niveau de violence :
LENDL / MCENROE
http://www.youtube.com/watch?v=0JYHBFkDAbs
Phrase clé :
« J’ai plus de talent dans mon petit doigt que Lendl dans tout son corps. » John McEnroe
Niveau de violence :
DAVID / GOLIATH
Épisode de la Bible dans lequel le futur roi David se mesure armé d’un seul bâton au Philistin nommé Goliath et mesurant six coudées et un empan (approximativement 2,80m). Face au géant vêtu d’une armure de bronze et muni d’une épée, d’une lance et d’un javelot, le jeune berger balance un caillou qui arrive directement sur le front de son ennemi. Le géant s’écroule alors et, comme si ce n’était pas suffisant, se voit couper la tête.
Phrase clé :
« Viens ici, que je donne ta chair aux oiseaux du ciel et aux bêtes des champs. » David (Samuel 17.1-18.4)
Niveau de violence :
BOURDIEU / BOUDON
Malgré leur nom de famille ressemblants, Raymond Boudon et Pierre Bourdieu s’opposent frontalement en terme théorique, notamment sur la question de l’égalité des chances et de la mobilité sociale. Le premier, partisan de l’individualisme méthodologique, n’a ainsi jamais hésité à critiquer les conclusions de l’auteur de La Misère du monde, envisageant les concepts bourdieusiens comme des tautologies exemptes de toute propriété explicatives. Boudon accuse Bourdieu de dénier à l’individu la capacité de choisir et d’avoir inventé « le complot sans comploteurs », phénomène qui « plaît aux gens simples ».
Wesh lé frer Raymond Boudon clashe Pierre Bourdieu aie aie aie c du lour SISI :
Phrase clé
« Les analyses de Bourdieu s’écartent de manière évidente de l’esprit scientifique. » Boudon
Niveau de violence :
{"type":"Banniere-Basse"}