Troisième jour à Davos, la station de ski suisse qui accueille pendant cinq jours le Forum économique mondial. La fatigue se lit sur quelques visages.
Beaucoup de rencontres ont été faites, les portefeuilles sont gonflés de cartes de visite. On se reconnaît dans la rue, on se salue au restaurant, on promet de se retrouver à telle ou telle soirée. Y a un petit côté village de vacances. Un grand nombre des quelques 2500 participants du Forum sont des habitués. Les mêmes phrases reviennent « Je viens ici depuis 20 ans », « C’est ton combientième ? », « Je ne manquerai le Forum pour rien au monde ! ». Davos, c’est un lieu de réflexion, un lieu de business, mais aussi un lieu où l’on prend du bon temps. Un club, une bulle, coupée du monde, protégée par les montagnes.
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La nouvelle génération des élites
Midi, au Bistro Gentiania, petit restaurant à taille humaine de Davos. Le prix Nobel de la paix José Ramos Horta, ancien président du Timor-Oriental, rencontre quelques Young Global Leaders. Ces « jeunes leaders globaux » sont la jeune garde des élites. Ils ont tous moins de 40 ans et exercent des activités variées à travers le monde (scientifiques, conseillers politiques, ingénieurs, entrepreneurs…). Depuis 2005, plus de mille « Young global leaders » ont été adoubés par le Forum. Autour d’une bonne fondue, José Ramas Horta met en avant son expérience politique pour faire partager sa vision du leadership. Et prévient : « il faut travailler dur, étudier sans cesse, vous ne serez pas tous des leaders. » A la fin du déjeuner, le fringant Olivier Oullier, spécialiste en psychologie cognitive à l’université d’Aix-Marseille, prend la parole :
« Nous les Global young leaders, nous voulons favoriser toute initiative, tout projet allant dans le sens d’un progrès social, sociétal, politique, tout projet qui mette l’homme en avant. Si nous pouvons aider un tel projet, nous le ferons. Et si nous ne pouvons pas… » Il marque une pause, sûr de son effet. « Nous connaissons sûrement quelqu’un qui le pourra. Notre carnet d’adresses vous est ouvert. »
L’habitude du luxe
Le soir venu recommence la valse des cocktails et des soirées. Une certaine lassitude s’installe chez quelques participants. On devient exigeant. « Les petits fours sont tièdes », « Tu as vu, il n’y avait pas de champagne à la soirée Ernst and Young », « La soirée Deutsche Bank est un peu chiante. » La présence de l’actrice Michelle Yeoh, accompagnée de son mari français Jean Todt (ancien directeur de Ferrari) égaye par contre la soirée Malaisie.
Si un certain nombre de grands patrons, de politiques, voire de journalistes, ont l’habitude du luxe, on reconnaît les newbies à leur étonnement extasié face au faste déployé par les entreprises ou les Etats pour charmer d’éventuels investisseurs. Malgré tout, très vite, quelques habitudes sont prises. La plus étonnante, au moins pour ceux qui connaissent les bonnes personnes (ou mieux qui sont ces bonnes personnes) : celle de ne (presque) rien payer. Avec le bon badge, on peut toujours squatter un petit-déj, organisé par la marque X ou Y. Dans les cocktails, dans les dîners, la nourriture est abondante, souvent délicieuse et toujours gracieuse. Seule exception ou presque, les taxis qui pullulent dans la ville. Parfois utilisés pour couvrir une distance de 100 mètres, ils sont très chers. Mais on peut toujours demander une note de frais ou payer avec la carte de l’entreprise.
Davos, c’est aussi des codes. A commencer par l’habillement. Bien sûr les costards sur mesure, chaussures de marques, fourrures et chapkas ne manquent pas. Mais on s’étonne parfois de croiser, au cœur d’une assemblée sur son 31, un mec habillé comme un sac. Méfiance ! Il pourrait bien faire partie des hommes les plus puissants de la soirée, genre un jeune ponte de Google. A Davos, quand on ose se démarquer, c’est souvent qu’on a plus rien à prouver
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