En 2010, Bono croit toujours avoir des choses intéressantes à dire. Plus inquiétant, certains pensent que Bono mérite d’être écouté : le leader de U2 publiait hier une tribune dans le New York Times évoquant le téléchargement illégal, la téléportation, ou les rotavirus en Afrique.
Bono a beau porter des verres teintés, sa vision de la vie est nette et précise : la guerre c’est mal, la pauvreté, les maladies et le téléchargement illégal aussi. Si son sincère engagement pour l’annulation de la dette des pays du tiers-monde, le commerce équitable ou la lutte contre le SIDA n’est pas à remettre en cause, sa légère mégalomanie et ses discours amateurs ont parfois tendance à exaspérer. Dernier en date : cette tribune du New York Times publiée dimanche 3 janvier et dont l’idée s’articule autour de dix thèmes pour rendre la décennie qui s’ouvre aujourd’hui « plus intéressante, saine et courtoise ».
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Contre toute attente, le premier point milite pour « le retour de l’automobile comme objet sexuel ». Et plus exactement la réintroduction du design dans la création automobile. Il s’agit là de proposer à Steve Jobs ou Jeff Koons de créer les voitures de demain à la place des comités de designeurs car, même s’il coûte à Bono de critiquer la démocratie (« Ca me fait mal de dire ce genre de chose à propos de la démocratie (et je le sais parce que mon groupe en est une)), « la loi de la majorité produit rarement quelque chose de beau ». Voilà qui devrait occuper les professeurs de théorie politique pendant un petit moment. Peut-être averti par quelques conseils de l’ambigüité de débuter un top pour la décennie à venir en plaidant pour des voitures « plus design », Bono développe plus loin l’idée d’un « droit à polluer identique pour tous ». Afin que les pays du Sud puissent monnayer avec les nations occidentales leur droit de polluer.
Toujours au Sud, selon Bono, la Coupe du monde donne le coup d’envoi d’une décennie africaine. Un continent fort et beau qui sort grandi des récentes recommandations de l’OMS concernant la lutte contre les rotavirus. Plus loin le leader de U2 loue la recherche sur l’angiogenèse (fondamentale dans la lutte contre le cancer), ou la téléportation quantique et plaide pour la création d’un festival célébrant les origines des trois religions – même qu’on appellerait ça le « Festival of Abraham » et qu’il s’ouvrirait à Jerusalem.
Autre point, le pouvoir au peuple car dans les années 2010 de Bono, les associations, les représentants indépendants de la communauté civile, ou les ONG auront un poids croissant, parfois supérieur à ceux des officiels. Dans cette optique Bono appelle à la révolution. Mais pas celle qui tâche non, celle qu’on prononce avec un mauvais accent hispanique et qui prône pour principe absolu la non-violence.
On touche enfin au plus beau, concernant le respect de la propriété intellectuelle et donc la lutte contre le téléchargement illégal. Qui, selon le leader du groupe, doit s’accentuer pour éviter que les industries du cinéma et de la télévision suivent la même voie que « la musique et les journaux ». En effet, selon Bono, le développement continu des bandes passantes laisse penser que dans «à peine quelques années, on pourra télécharger une entière saison de 24 heures chrono en 24 secondes». Evidemment, « une décennie de partage et de vol de fichiers musicaux a montré à l’évidence que ceux qui en souffrent sont les artistes (…), précisément les jeunes auteurs compositeurs de chansons qui ne peuvent pas vivre de la vente de places de concerts et des ventes de tee-shirts ». Contre ce fléau, Bono plaide pour la traque du contenu qui circule sur Internet, largement réalisable au vu des « nobles efforts américains pour lutter contre la pornographie infantile, sans mentionner les ignobles tentatives chinoises de supprimer la dissidence en ligne ». Hey Bono, comment on dit Viva la Revolución en chinois déjà ?
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