La purge se poursuit à Canal+ depuis que le président de Vivendi a pris les rênes du groupe qu’il veut redéployer à sa sauce.
A chaque jour suffit sa purge à Canal+ depuis que Vincent Bolloré s’est mis en tête, avant l’été, de prendre les affaires de la chaîne en main. Pas un jour ne passe sans qu’une nouvelle tête ne tombe, sans préavis ni ménagement. La liste des cadres dirigeants sacrifiés s’allonge chaque matin depuis que Rodolphe Belmer, directeur général, et le producteur du Grand Journal Renaud Le Van Kim ont été mis à la porte en juillet.
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Après eux, l’hécatombe a pris l’allure d’un jeu sacrificiel, dont Vincent Bolloré, smiling killer, tire les ficelles : bye-bye les quatre auteurs des Guignols (dont on ne sait toujours pas s’ils résisteront à l’opération de lissage que voudrait leur imposer Bolloré pour leur retour prévu début octobre) ; bye-bye Bertrand Meheut, président du directoire ; bye-bye Ara Aprikian, très proche de Belmer, et patron de D8, D17 et i-Télé ; bye-bye Thierry Langlois, directeur des antennes ; bye-bye Alice Holzman, patronne de CanalSat ; bye-bye Cécilia Ragueneau directrice d’i-Télé, et Céline Pigalle, directrice de la rédaction du groupe Canal+ ; bye-bye Thierry Thuillier, directeur des sports de Canal+ ; bye-bye Nathalie Coste-Cerdan, directrice du cinéma…
Bolloré n’est pas connu pour se laisser emmerder
D’autres rejoindront probablement le bateau ivre des éconduits. A ce rythme effréné, Canal+ ne sera plus qu’une coquille vidée de sa substance, ne sauvant la face que grâce aux quelques signes extérieurs de sa puissance d’antan. A ce jeu, les émissions en clair vont forcément constituer un baromètre intéressant de ce que Bolloré peut imposer ou pas à ses ouailles.
Outre Le Grand Journal, trop légèrement remanié pour incarner un changement significatif, ou Le Supplément, c’est du côté du Petit Journal que l’attention sera portée pour constater jusqu’où Yann Barthès pourra abuser de son mauvais esprit (dès sa rentrée, il ne s’est pas privé de titiller Bolloré).
Seules les bonnes audiences pourront protéger Le Petit Journal des humeurs du patron, connu pour ne pas se laisser emmerder quand ses intérêts sont en jeu (cf. la récente censure du documentaire sur le Crédit mutuel ou celle de l’enquête sur l’OM).
Mais quelle est la stratégie de Bolloré ?
Si l’accélération de ses prises de décision depuis la mi-juillet semble donc l’indice de sa volonté de réorienter la stratégie du groupe, il reste impossible de mesurer clairement de quoi elle retourne. On sait au moins qu’il est fan de Cyril Hanouna, puisqu’il vient de prolonger son contrat de cinq ans sur D8.
Dans un courriel adressé à ses salariés début septembre, Vincent Bolloré a affirmé que la partie en clair de Canal+ devait “être réduite” et qu’il fallait privilégier le crypté, le numérique, le développement à l’international et les synergies avec Dailymotion.
En attendant que ne se précise son projet, on devine qu’une nouvelle histoire s’esquisse à Canal+, sans que personne, en dehors des hommes de main de Bolloré – Guillaume Zeller à l’info, Thierry Cheleman au sport, Didier Lupfer au cinéma – ne sache très bien comment il pourra accompagner ses prochaines vicissitudes.
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