Comment la secte Boko Haram est devenue cette organisation monstrueuse, qui a massacré des milliers de personnes au Nigeria et au-delà.
Depuis qu’elle a kidnappé 276 lycéennes en avril 2014, la secte islamiste Boko Haram, installée dans le nord-est du Nigeria, soulève l’indignation mondiale. La furie de ses exactions et l’aveuglement de ses expéditions punitives suscitent un effroi à la mesure du péril jihadiste incarné par Daech, auquel le groupe a prêté allégeance au printemps 2015.
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Outre de rappeler de quoi est capable aujourd’hui Boko Haram (beaucoup d’images de massacres sont difficilement soutenables), Xavier Muntz analyse, dans une enquête documentée, les racines de cette violence extrême, qui a dérivé peu à peu d’un cadre purement religieux vers une folie barbare.
Au début des années 2000, Boko Haram suscite l’intérêt de nombreux Nigérians pauvres et en colère contre la corruption des élites dirigeantes ; les prêches du chef charismatique de la secte, Mohamed Yusuf, se concentrent sur une sévère critique de l’Etat. De plus en plus intégristes, ces prêches préfigurent la radicalisation violente de son successeur, le furieux Abubakar Shekau qui, après l’exécution de Yusuf par l’armée en 2009, conduit le groupe dans une guerre totale : on a recensé 32 000 morts civils ces dernières années, dont la moitié attribués à la secte.
La réalité d’une barbarie contemporaine
Boko Haram s’empare progressivement de plusieurs villes du pays et impose sa terreur au-delà des frontières du Nigeria. L’intelligence de l’analyse de Xavier Muntz, appuyée sur des expertises de chercheurs spécialistes de la région, consiste à raccrocher une part de la violence de Boko Haram à celle de l’armée d’un pays corrompu, qui elle aussi massacre à tout-va. Sans négliger évidemment la violence propre à la secte, le journaliste insiste sur cette tension interne comme origine fondatrice d’un chaos généralisé.
En retraçant la généalogie de l’apparition de la secte, en rappelant le contexte social à partir duquel elle a pu proliférer, en décrivant les mécanismes historiques d’une dérive sanguinaire, le documentaire éclaire la réalité de cette barbarie contemporaine autant qu’il suggère que rien ne permet d’envisager aujourd’hui sa fin prochaine. Jean-Marie Durand
Boko Haram – Les origines du mal documentaire de Xavier Muntz et Bruno Fay. Mardi 28, 22 h 55, Arte
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