Excédé par les insultes des supporters de l’équipe adverse, Kevin Boateng, jouer ghanéen du Milan A.C, a fait interrompre un match en Italie.
Busto Arsizio, en Lombardie, 26ème minute d’un match amical tout à fait quelconque opposant le petite équipe de Pro Patria à la glorieuse équipe du Milan A.C. Excédé par les cris racistes à répétition visant les joueurs noirs du club milanais, l’international ghanéen Kevin Prince Boateng s’empare du ballon, retire son maillot et quitte le terrain. Stupeur. Ses coéquipiers décident alors de le suivre comme un seul homme. Dans les tribunes, l’ambiance est électrique. Tandis que quelques discrets applaudissements saluent l’acte de révolte de Boateng, une grande partie du stade hue le joueur. Sans succès, des joueurs de l’équipe adverse tentent de retenir le joueur milanais pour que la partie se poursuive. L’arbitre interrompt d’abord le match puis l’arrête définitivement. Grace à Youtube, la scène a fait le tour du monde.
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Plus qu’une simple anecdote, le refus de Kevin Prince Boateng de joueur sous les chants racistes de supporters écervelés pourrait bien constituer un précédent. Ce n’est en effet pas la première fois que des cris de singes à l’encontre de joueurs noirs se font entendre dans les stades européens. On se rappellera ainsi du jet de banane en direction du latéral brésilien Roberto Carlos ou bien encore de l’image de l’ivoirien Marc Zoro excédé par les cris de singes, là encore dans le championnat italien. Jusqu’à présent, la politique adoptée par les joueurs, arbitres et autres instances du football était de ne pas laisser quelques idiots gâcher la grande fête que constitue, chaque week-end, le football à ses divers niveaux de pratique (professionnel ou amateur). Cette attitude, si elle fait fi du contexte dans lequel se déroule les matchs, semble être aujourd’hui remise en cause par les principaux acteurs du ballon rond, les joueurs eux-mêmes. A la suite des incidents de Busto d’Arsizio, Kevin Prince Boateng tweetait ainsi : « Shame that these things still happen… #StopRacismforever. » (Il est honteux que ces choses puissent encore se produire…). Très vite, de Marco Materazzi (celui qui fit craquer Zinedine Zidane un soir de finale de Coupe du Monde) à l’espoir français Paul Pogba, Boateng reçu de nombreux messages de soutien. Dans cette affaire, l’ensemble du club détenu par Silvio Berlusconi prend fait et cause pour son joueur. Massimo Ambrosini, capitaine de l’AC Milan s’et exprimé en ce sens : « Je suis désolé pour tout ceux qui étaient au stade mais un message fort devait être lancé ».
Même son de cloche du coté de la direction du club milanais dont le directeur, Umberto Ganidini, déclarait hier : » e suis très fier des joueurs du Milan qui ont décidé de sortir du terrain à la suite des paroles racistes lancées par certains idiots. Plus de racisme ! Plus de stupidité ! » Dans un communiqué lancé à la suite des faits, la police de Busto Arsizio annonçait que «Plusieurs enquêtes avaient été diligentées afin de définir les responsabilités personnelles pour les incidents qui se sont produits, tant du point de vue de la responsabilité pénale qu’administrative, et de prendre les mesures qui en découlent afin d’isoler les coupables et prévenir la répétition de ce genre d’évènements».
Interrogé par les Inrockuptibles, le journaliste sportif Daniel Riolo apporte son regard sur cette affaire qui remue l’Italie du football : « A la suite de l’affaire Boateng, on a très rapidement dit qu’il y avait beaucoup de problèmes dans le football italien. C’est à la fois vrai et faux. L’Italie constitue l’un de ces pays où les ultras ont malheureusement gagné la bataille des tribunes et tué l’expression populaire. Les conséquences de cette main mise des supporters les plus fervents se voient clairement : les affluences sont en baisse, les stades sont à moitié vides et l’on entend, de fait, bien plus fort les expressions de la bêtise humaine. Reste que c’est un phénomène que l’on a connu dans le reste de l’Europe et aussi en France. Dans le cas Boateng, il est positif qu’un « problème italien » trouve sa solution en Italie. Le fait que l’entraineur et la présidence du Milan AC soutiennent et approuvent la décision de leur joueur est à saluer. Il s’agit là d’une nouvelle ligne de conduite et peut-être d’une des solutions à apporter à un problème récurrent. »
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