A l’heure où le Parlement français tente de légiférer sur le téléchargement illégal, 140 groupes britanniques s’opposent à la criminalisation des internautes.
Jeudi 12 mars se tenait à Londres une réunion de 140 artistes parmi lesquels les plus gros vendeurs britanniques en activité. Radiohead, Blur, The Verve, Robbie Williams, Klaxons, Kate Nash, White Lies, Wet Wet Wet, Iron Maiden, Craig David ou Kaiser Chiefs. Regroupés sous la bannière de la la Featured Artists Coalition (FAC), ils se sont prononcés contre la pénalisation du téléchargement illégal.
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Interrogé à la sortie de la réunion par The Independant, Billy Bragg expliquait : “L’industrie du disque en Angleterre souhaite criminaliser notre public qui pratique le téléchargement illégal. Si nous la suivons dans cette voie, nous ne ferons que participer à une politique protectionniste. (…) Les artistes doivent disposer des droits sur leur propre musique, et décider eux-mêmes s’ils souhaitent la distribuer gratuitement ou s’ils veulent être rémunérés.” Un parti pris fort de la part de ces artistes qui, loin de se limiter à une déclaration d’intention, planifient de rencontrer Lord Carter, ministre des Communications et commanditaire d’un rapport publié en janvier intitulé Digital Britain. Ce rapport préconise que les personnes téléchargeant illégalement soient poursuivies devant les tribunaux civils.
Cet été, alors que des accords avaient été signés entre des FAI et l’industrie culturelle en vue de la mise en place d’une riposte graduée à la française, le gouvernement anglais avait exclu l’idée de légiférer. “On ne peut pas avoir un système où on parle d’arrêter des adolescents dans leur chambre”, avait déclaré David Lammy, ministre en charge de la propriété intellectuelle. Une nouvelle qui arrive alors que le PRS (la Sacem britannique) tente laborieusement de renégocier le partage des revenus avec MySpace et You- Tube. Ce dernier ayant d’ores et déjà bloqué toutes ses vidéos musicales en Grande-Bretagne, affirmant que les conditions demandées par l’organisme seraient trop défavorables.
Sur ce point, la FAC a une position claire : si les disques ne se vendent plus, le business de la musique continue à générer de l’argent via ces sites et la pub. C’est cet argent qui doit rémunérer les artistes. Pour Ed O’Brien de Radiohead, “Aucun musicien – ou très peu – ne vous dira qu’il a choisi cette voie pour faire de l’argent. Les artistes et les jeunes groupes sont la sève des sites tels You- Tube et MySpace.” L’enjeu est donc de se saisir de la révolution digitale comme d’une “fantastique opportunité”, selon les mots de Dave Rowntree (batteur de Blur et aspirant avocat) afin de mettre en place un “new deal” construit sur l’équité entre fans, industrie du disque et gouvernements.
Nicolas Chapelle et Diane Lisarelli
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