Il y a quelques semaines, on était tous des femmes de chambre. Ces jours-ci, on commence à se sentir musulmane. Choqués par ce qu’on a entendu sur France Culture le samedi 11 juin, on s’est mis dans la peau d’une jeune musulmane. Elle s’appellerait Djamila, serait née en France, Française travaillant en France, payant ses […]
Il y a quelques semaines, on était tous des femmes de chambre. Ces jours-ci, on commence à se sentir musulmane. Choqués par ce qu’on a entendu sur France Culture le samedi 11 juin, on s’est mis dans la peau d’une jeune musulmane. Elle s’appellerait Djamila, serait née en France, Française travaillant en France, payant ses impôts en France, impôts servant à financer une station de radio publique, par exemple France Culture…
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Un samedi matin, cette jeune musulmane se branche sur France Culture et écoute, comme nous, Répliques, l’émission d’Alain Finkielkraut. Ce jour-là, elle entend l’écrivain et éditeur chez Gallimard Richard Millet se surpassant dans l’abject, déclarant entre autres saloperies : “Quelqu’un qui à la troisième génération continue à s’appeler Mohammed quelque chose, pour moi, ne peut pas être français.” Et l’animateur, qu’on s’acharne à présenter comme un grand intellectuel, d’éviter soigneusement de lui apporter l’ombre d’une contradiction.
Richard Millet avait déjà brillé par ses formules racistes dans ses livres, au point que les critiques s’en indignent haut et fort, dont Sylvain Bourmeau dans Les Inrocks il y a déjà trois ans. On sait que Finkielkraut, depuis ses déclarations au quotidien israélien Haaretz sur l’équipe de France de football, serait enclin à rejoindre les opinions de Millet. Il se targuera sans doute de prôner la libre pensée, la libre parole, même raciste – pourtant, étrangement, pas d’antisémites invités à son émission (et c’est tant mieux). La libre parole, oui, mais celle qui semble aller dans le sens de celle du philosophe-animateur.
Le plus surprenant c’est qu’on croyait France Culture être la radio de tous les Français. Ce samedi matin, en ouvrant le poste, on s’est cru sur Radio Courtoisie.
Nelly Kaprièlian
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