Le journalisme a les rebelles qu’il mérite. La figure dominante du rebelle des médias prend aujourd’hui la forme paradoxale du notable installé au coeur du système, mais énervé malgré tout, jouant de ses connivences pour endosser les habits de l’iconoclaste. De Robert Ménard à Franz-Olivier Giesbert, les nouveaux provocateurs voudraient convaincre de leur subversion absolue. […]
Le journalisme a les rebelles qu’il mérite. La figure dominante du rebelle des médias prend aujourd’hui la forme paradoxale du notable installé au coeur du système, mais énervé malgré tout, jouant de ses connivences pour endosser les habits de l’iconoclaste. De Robert Ménard à Franz-Olivier Giesbert, les nouveaux provocateurs voudraient convaincre de leur subversion absolue.
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Le plus cocasse, Robert Ménard, affirme être parti en croisade contre le conformisme généralisé des médias, accusés de critiquer excessivement le Front national. Parce que la doxa journalistique exclurait selon lui toute forme de bienveillance à l’égard du FN, lui, rebelle des plateaux télé, s’amuse à hurler “vive Le Pen”. Comme si son cri d’adhésion pouvait susciter l’effroi, alors qu’il ne provoque que commisération.
Mais quels comptes obscurs Ménard a-t-il à régler avec les médias au point de vouloir, par l’absurde, critiquer ses usages ? N’y a-t-il pas manière plus subtile et constructive de démonter le système médiatique que d’en dénoncer un supposé modèle intellectuel dominant, au sein duquel la complaisance avec Marine Le Pen existe tout autant que son rejet ? Les “frontières” que dépasse l’ex-président de Reporters sans frontières sont moins celles du reporter que celles de l’idéologue ambigu.
L’autre rebelle du moment, Franz-Olivier Giesbert, se prend pour un révolutionnaire échevelé parce qu’il ose ridiculiser Sarkozy dans son livre M. le Président. Son geste critique devient subversif moins pour ce qu’il révèle de Sarkozy que pour ce qu’il révèle de lui-même : avant de le moquer, il l’a adoré ! Avec Giesbert, la figure du rebelle des médias a l’allure de celui pris en défaut de lucidité, mais qui rit fièrement de ses erreurs, prêt à se confesser pour mieux se faire remarquer sur la scène de la comédie journalistique.
Jean-Marie Durand
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