La sexualité des individus relève de l’intimité, y compris pour les hommes politiques.
Après les révélations de WikiLeaks, les affaires Strauss-Kahn et Tron – sans parler de la sortie sur le plateau du Grand Journal de Luc Ferry sur les hypothétiques écarts sexuels d’un ex-ministre – réactivent la question complexe de la transparence à laquelle seraient tenus (ou pas) les médias dans l’espace public.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le sexe relève-t-il de la même logique que la diplomatie ? Un secret partagé par des diplomates peut-il être mis sur la même ligne que le fantasme d’un homme politique ? Une information sur des tractations louches entre Etats a-t-elle la même valeur qu’une information sur des dérapages sexuels d’hommes publics ?
A toutes ces questions qui agitent les médias depuis des semaines, d’aucuns avancent que le critère décisif de la légitimité de divulguer une information tient à sa nature délictuelle (viol, harcèlement, détournement de mineur, corruption…), mais aussi à celle de son impact indirect sur la vie publique. Alors que, pour certains, la transparence totale, c’est « la Chine de Mao« , selon un mot récent d’Hubert Védrine, d’autres défendent au contraire l’idée que le « propre d’un pouvoir totalitaire, ce n’est justement pas la transparence illimitée, mais l’opacité totale sur le pouvoir et une transparence inquisitoriale sur les individus« , comme le soulignait récemment Edwy Plenel lors d’un forum Libé à Rennes.
La fonction démocratique des médias les oblige à soumettre le pouvoir politique à un régime de visibilité extralarge. S’agissant des affaires publiques, la publicité doit être la règle et « le secret l’exception », insistait Plenel. Les pratiques sexuelles constituent l’une de ces exceptions, à condition qu’elles ne débordent pas le cadre de la légalité. Par-delà le crime, le sexe, comme le silence, est d’or.
Jean-Marie Durand
{"type":"Banniere-Basse"}