Une nouvelle génération prépare enfin la révolution numérique à la télé.
L’absorption de la télévision et de la radio par Internet a longtemps laissé sans voix les responsables des chaînes, dépassés par les implications vertigineuses du basculement numérique sur leurs propres pratiques. Les choses changent pourtant.
Le développement numérique forme désormais une priorité au coeur des stratégies des groupes audiovisuels enfin lucides sur leur obligation de s’inscrire dans l’âge de la post-télé. Il en va de leur survie car le grand bain des écrans multiples, mobiles, partagés et personnalisés pourrait les absorber. A France Télévisions, par exemple, longtemps à la traîne comparée à une chaîne pionnière comme Arte, le nouveau directeur du numérique Bruno Patino a saisi les enjeux de la télévision connectée.
Entouré de nouvelles personnalités spécialisées dans ces sujets – Eric Scherer (directeur de la prospective) ou Boris Razon (pour les nouvelles écritures web) -, il a déjà lancé une application pour iPad et iPhone, prévoit une plate-forme d’information en continu, veut développer les webdocumentaires et les webfictions (France Télévisions vient de créer son premier festival de webfictions, baptisé Click Clap !).
Autre indice éclairant de ce changement de mentalités : afin de renforcer ses propres contenus, le groupe Radio France vient de recruter Joël Ronez, responsable du pôle web d’Arte France (arte.tv, arte live web, arteradio.com), que reprend David Carzon. Avec ces nouveaux acteurs en première ligne du développement numérique, les médias usés se « reconnectent » à la réalité de leur temps et préparent leur mutation qui pourrait s’accélérer dans les mois qui viennent. De nouvelles formes de narration et de circulation, entre le web et la télé, s’inventeront avec eux.