Cette semaine, c’est l’éditorialiste à BFM Christophe Barbier qui est épinglé.
Je suis plus vieux que toi de trois jours, j’ai donc échappé de peu à une gémellité astrale qui, je dois bien te l’avouer, m’aurait fait légèrement mal à l’urètre. Etant de surcroît payé comme toi (sans doute moins bien) pour raconter n’importe quoi sur le petit théâtre de la politique, je ne suis donc pas passé loin non plus – disons à un nom de famille, quelques vannes et une écharpe rouge près – de la catachristophe. Depuis que j’ai lu l’interview que tu as accordée au site du JDD, le 14 avril, je sais toutefois ce qui nous sépare, et ce qui différencie de manière plus générale l’éditorialiste mondain du reste du cosmos. “Se confronter au terrain pollue l’esprit de l’éditorialiste”, proférais-tu alors sans le moindre second degré. “Son rôle est de donner son opinion, d’affirmer ses certitudes, par essence introuvables”, poursuivais-tu, avant de lâcher cette métaphore déjà culte, du moins entre la rue du Bac et la terrasse du Flore : “L’éditorialiste est un tuteur sur lequel le peuple, tel le lierre rampant, peut s’élever.”
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Il ne t’aura pas échappé, mon Cricri, que le melon aussi pousse autour d’un tuteur, et l’espèce à laquelle appartient celui qui a visiblement remplacé ta tête doit nécessiter un poteau télégraphique en béton pour en soutenir la folle démesure. Voire une éolienne, pour en accompagner les si fréquents changements de vents. Après t’être souvent trompé sur LCI et dans L’Express, sur ton blog ou dans C dans l’air, c’est désormais sur BFMTV que tu dispenses majoritairement ces oracles aux certitudes aléatoires mais dépolluées par ce “terrain” si taquin, sans le moindre contact avec ce peuple rampant que tu entends n’élever qu’à distance, en bon tuteur hors sol des bavardages en continu.
Tu prouvas néanmoins, dès le lendemain de cette effarante interview, que le réel n’avait aucun secret pour toi. Invité dans l’émission C l’hebdo, sur France 5, pour y parler de ton actu théâtrale (le spectacle Nous présidents en duo avec l’humoriste macronien Marc Jolivet), tu tentais de rivaliser en humour avec ton compère en affirmant ceci : “Il faut quand même reconnaître des qualités à Emmanuel Macron. Il y a dix ans, quand on voyait un jeune de banlieue à bord d’une grosse voiture, c’était un dealer, maintenant c’est un chauffeur Uber. C’est quand même la modernité, Macron, il vous offre une bouteille d’eau, c’est sain.”
Voilà ainsi que le lierre si cher aux vieilles bourgeoises de province se transformait soudain en plantation de cannabis une fois transposé en banlieue, et que le tuteur sur lequel repose tant de clichés misérables s’avérait être une pauvre branche issue de la souche raciste dont il convient opportunément d’entretenir la sève empoisonnée. Ton confrère Joseph Macé-Scaron est désormais payé pour muscler les discours de Fillon, si tu es sage, tu pourras prétendre sans même bouger ton cul de BFMTV à servir d’anabolisant à ceux de Le Pen.
Je t’embrasse pas, j’ai pas besoin de tuteur.
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