Beverly Johnson raconte dans les colonnes du Vanity Fair américain comment l’acteur et producteur à succès, a tenté d’abuser d’elle. Et pourquoi elle s’est tue jusqu’ici.
Bill Cosby est au coeur de plus en plus d’accusations. Le comédien, qui a donné son nom à la série « Le Cosby Show », s’est réfugié dans le silence alors qu’une vingtaine de jeunes femmes viennent de révéler qu’elles avaient subi des abus physiques et sexuels de sa part.
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De nouveaux témoignages de victimes tombent chaque jour dans la presse américaine. Nombre d’entre elles ont déclaré avoir été droguées par l’acteur avant qu’il profite d’elles. Parmi elles Beverly Johnson, dont le témoignage vient d’être publié dans le Vanity Fair américain.
« A la deuxième gorgée de cette boisson que Cosby m’avait donnée, j’ai su que j’étais droguée »
Le mannequin est célèbre pour avoir été la première afro-américaine en couverture du magazine Vogue en août 1974. Au milieu des années 80, Beverly Johnson tente de devenir actrice.
Elle reçoit alors le coup de fil de l’agent de Bill Cosby, qui la contacte afin qu’elle auditionne pour un rôle dans sa série, le Cosby Show. Beverly Johnson rencontre l’acteur, qui l’invite à discuter avec lui dans son bureau. Le ton est chaleureux. Bill Cosby semble vouloir aider la jeune femme à progresser dans sa carrière. Il invite l’actrice et sa fille chez lui, et fait tout pour qu’elle se sente bien en sa compagnie, comme elle l’explique dans son témoignage pour Vanity Fair :
« En y repensant, cette invitation à le rejoindre chez lui fait évidemment partie d’un plan pour que je me sente en confiance. Et ça a très bien marché« .
Beverly Johnson vient seule la fois d’après. Cosby lui propose un capuccino. Elle refuse. Elle sait qu’elle ne réussit pas à dormir si elle boit un café trop tard. L’acteur insiste. Elle accepte. Elle se rend compte que quelque chose cloche : « A la deuxième gorgée de cette boisson que Cosby m’avait donnée, j’ai su que j’étais droguée. Vraiment droguée« . Elle peine à s’exprimer, à réfléchir. A bouger. L’acteur tente d’abuser d’elle, mais elle résiste. Elle l’insulte, et finit par le mettre en colère. Il n’insiste pas et la raccompagne violemment vers un taxi.
Se sacrifier pour protéger le symbole
Comme de nombreuses victimes d’abus physiques et sexuels, Beverly Johnson se sentait coupable de ce qui lui était arrivé. Et puis elle respectait beaucoup trop la stature de Bill Cosby pour oser le mettre en cause. C’est surtout cet aspect du témoignage de l’ancienne mannequin qui dénote de ceux déjà sortis dans la presse. Beverly Johnson est aussi Afro-Américaine. Pour elle Bill Cosby n’est pas qu’un simple comédien : « Il était le premier Afro-Américain à apparaître dans des séries télévisées« . Il représente à l’époque tout ce que les Blancs ne savent pas percevoir chez leurs concitoyens noirs. Et il a le talent nécessaire pour faire bouger les lignes.
Beverly Johnson pense qu’en révélant le vrai visage de l’acteur, elle peut remettre en cause le bouleversement qu’il a rendu possible pour de nombreux Afro-Américains. Dans Vanity Fair elle avoue s’être tue après avoir calculé les répercussions négatives des révélations qu’elle voulait faire:
« Les hommes noirs ont assez d’ennemis à l’heure actuelle, ils n’ont pas besoin de quelqu’un comme moi, une Afro-Américaine avec un visage et un nom connu, pour étouffer la flamme« .
« J’ai fini par arriver à la conclusion que les attaques récentes contre plusieurs Afro-Américains n’avaient rien à voir avec Bill Cosby ».
La flamme c’est Cosby, et son image positive, qui contrebalance les autres clichés. Elle pense alors à Trayvon Martin, Michael Brown et Eric Garner, lorsqu’elle s’apprête à livrer son témoignage. A tous ceux qui sont morts à cause de ces mauvais stéréotypes contre lesquels Cosby pouvait lutter dans ses films. Alors elle se tait encore, alors que d’autres victimes s’expriment déjà.
Et puis Beverly Johnson s’est résolue à parler : « J’ai fini par arriver à la conclusion que les attaques récentes contre plusieurs Afro-Américains n’avaient rien à voir avec Bill Cosby« . Elle ajoute « Si Cosby s’est distingué de la majorité de ses concitoyens noirs, c’est avant tout parce qu’il a réussi à utiliser son pouvoir pour se protéger« .
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