Début avril, la mannequin Naomi Campbell relançait le débat sur une éventuelle déclinaison africaine du magazine “Vogue” lors de l’Arise Fashion Week de Lagos, au Nigeria. Fantasme ou projet en cours : qu’en est-il vraiment ?
Le débat est relancé. Depuis le début du mois d’avril, les voix s’élèvent pour pousser Condé Nast International, éditeur du magazine Vogue, à créer une édition africaine du média. Après des éditions dédiées au Moyen-Orient (Vogue Arabia), l’Amérique Latine (Vogue Mexico) ou encore la République tchèque (Vogue Czech Republic and Slovakia), nombreux sont les acteurs du monde de la mode à envisager une telle parution sur le continent africain, tant le marché y est aujourd’hui propice. « Il devrait y avoir un Vogue Afrique. C’est la prochaine étape (…) Il est temps que les choses changent, » déclare la top Naomi Campbell, britannique d’origine jamaïcaine, lors de la dernière Arise Fashion Week de Lagos, au Nigeria.
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Elle n’est pas la seule à le penser. Leanne Tlhagoanne, fondatrice de la plateforme digitale Refashion Africa a exprimé dans une tribune publiée dans The Business of Fashion son souhait de voir paraitre une édition africaine de la « bible de la mode ». Elle voit dans le rayonnement actuel du marché sud-africain et dans la jeunesse de la population du continent deux atouts manifestes pour la réussite de ce projet éditorial. Le projet est également soutenu par Mario Epanya, photographe d’origine camerounaise, qui imagine une série de couvertures de ce Vogue Africa fictif mettant en avant « les couleurs, la culture et la diversité qui contribuent à la beauté de l’Afrique. »
Cinquante-quatre pays en un magazine ?
Mais les avis divergent. La situation économique est encore aujourd’hui problématique sur la majeure partie du continent et le magazine Vogue, imprimé sur papier glacé, devra trouver un solide réseau de distribution ainsi que des publicitaires pour le financer. « Peu de marques sur le continent africain peuvent suivre les tarifs publicitaires de Vogue sur une année, explique Paola Audrey Ndengue, fondatrice du média Fashizblack sur Africa News. Il y a une réalité économique assez importante à prendre en compte. »
Pour d’autres, l’Afrique détient déjà des médias axés sur la mode qu’il faut valoriser et laisser aux mains des locaux. Pour la journaliste sud-africaine Pearl Boshomane Tsotetsi, les Africains n’ont pas besoin d’un média occidental « pour raconter leurs histoires à leur place. » L’idée de créer un média sur toute la culture panafricaine fait elle aussi débat dans la mesure où le continent est constitué de cinquante-quatre pays aux moeurs et aux rites différents, ne jouissant pas du même capital économique. Pour l’heure, Condé Nast n’a pas encore pris sa décision, et a déclaré vouloir prendre son temps avant de se lancer dans une nouvelle édition.
Pour soutenir le projet, vous pouvez utiliser le hashtag créé par la journaliste Leanne Tlhagoane, #VogueAfricaYourTimeIsNow
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