Des scientifiques américains tentent de mettre au point un système permettant de contrôler la pluie et les éclairs grâce à la technologie laser.
Zeus est inquiet et d’humeur maussade. Depuis l’Olympe, il ronge ses divins ongles en observant les hommes, qui n’en font qu’à leur tête. Avachi au comptoir de « Chez Bacchus », il s’envoie une double vodka-ambroisie en déployant des trésors d’imagination pour trouver le fléau qu’il va pouvoir infliger aux mortels. Il referait bien le coup de Prométhée dont le foie fut dévoré inlassablement par un aigle. Mais l’époque n’est plus à ces tortures archaïques.
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Le dieu suprême jette un coup d’oeil à l’exemplaire de la revue Nature Photonics, daté du 23 mars, qui traîne dans le rade. Sa moue trahit dégoût et mépris. Il y a lu l’article sur ce procédé mis au point par des chercheurs américains qui permettrait un jour de déclencher à l’envi la pluie et la foudre, comme lui. Eux n’usent pas de pouvoirs surnaturels, mais de deux rayons laser émis conjointement, modifiant l’équilibre électrique de l’air et peut-être un jour suffisamment puissants pour modifier celui des nuages. On voit bien l’utilité de la pluie pour arroser les régions désertiques et remplir les nappes phréatiques. Mais quel est l’intérêt de maîtriser la foudre?
Un indice : le programme de recherche est en partie financé par le département américain de la Défense.
Quelle arme en effet, la foudre ! Le feu du ciel ! Pauvre bombinette nucléaire, à ranger au placard du pistolet à bouchon et du fleuret moucheté. Si le procédé fonctionne, on pourra, en plus, gâcher à volonté les vacances de nos ennemis. Affolé, Cupidon entre à son tour en furie dans le bar où Zeus médite sa vengeance. Il vient lui aussi de lire l’article et craint pour son commerce. Ses flèches paraîtront bien dérisoires pour déclencher le sentiment amoureux comparé à notre technologie. L’être aimé s’éprendra de nous d’un coup de foudre télécommandé.
Nom de Zeus ! Les artistes aussi s’empareront de l’idée et créeront de beaux spectacles nocturnes, bien plus spectaculaires que nos vieux feux d’artifice. Le Dr Frankenstein pourra, à loisir, redonner vie à ses monstrueux patchworks. Mais on commence à se connaître, on ne sait pas utiliser raisonnablement nos nouveaux jouets. A force de chatouiller les nuages selon nos désirs, le temps se détraquera et le système nous échappera. Impossible d’arrêter la grande averse mondiale et les terres disparaîtront sous les eaux.
Les dieux, soulagés et goguenards, enverront tout de même Noé pour la deuxième fois à notre rescousse, non sans nous pincer la joue en sermonnant les galopins que nous sommes. Vexés, nous écoperons tant bien que mal le trop-plein, reprendrons les recherches et nous assurerons que, cette fois, l’éclair monte plutôt que de descendre.
Pour aller plus loin: L’article de Nature Photonics
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